« Knock knock knock. Who is it ? Who is it ? It’s Baby Volcano bitc* ». Si vous traînez sur les agrégateurs de critiques musicales, vous aurez constaté que le DeBÍ TiRAR MáS FOToS du portoricain Bad Bunny – depuis sa sortie en janvier dernier – caracole en tête des playlists mondiales : il y a que le reggaeton est en vogue, et – mâtiné d’hyperpop glitch – vous pourrez en ressentir les secousses jusque sur le second EP de la performeuse Lorena Stadelmann, aka Baby Volcano. Après un premier EP paru en 2021 (Síndrome Premenstrual), l’artiste suizo-guatémaltèque, formée à la danse contemporaine à Buenos Aires et influencée par le travail de la compositrice espagnole Marina Herlop, s’est enfermée dans son home studio rupestre pour composer les cinq chansons d’un SUPERVIVENXIA particulièrement contrasté, qui démarre sur les chapeaux de roue : l’intense Knock Down (Cansei de Ser Sexy en mode horrorcore – « J’sais me relever / Moi je sais me relever bébé »), le manga-esque Caralesh (voix mutines, trafiquées, inquiétantes), le latino hip-hop Delish (synthétiseurs dark), trio de choc. Spontanément, on se dit qu’un bébé volcan, c’est mignon. Bah pas du tout. « Se remettre en question il n’y a rien de plus sexy / Check tes privilèges bébé / Bébé check tes privilèges ». Sauf que Baby Volcano n’est pas un bloc (de lave) : au-delà de la sauvagerie, il y a la délicatesse, à l’instar du crépusculaire Kurakaku – mélopée réverbérée sur coulée d’arpèges de guitare classique ; Lorena chante merveilleusement bien – et du conclusif Olor A Fogata, RnB hybride à la mélancolie diffuse. SUPERVIVENXIA est (dans la langue de Federico García Lorca) la contraction de sobrevivencia et supervivencia : survivre et se sentir vivant, tout embrasser, avant que tout ne s’embrase. Sous le volcan, le consul Geoffrey Firmin, au-dessus du volcan, l’excellente Lorena, et nous, admirant un ciel de feu, tout aussi spleenesque que dansant.