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À l’écoute de Megaloner, qui ouvre – avec une théâtralité new wave assumée – le nouvel (et septième) opus de Circuit des Yeux, l’auditeur distrait se demandera dans quelle faille spatio-temporelle il est tombé, et pourquoi Dave Gahan chante comme Roland Orzabal, ou l’inverse, on ne sait plus trop. Épaulée par le musicien (Fog) et producteur (Bon Iver) Andrew Broder, Haley Fohr a le chic pour brouiller les pistes. L’on trouvera sur Halo On The Inside (dont le glacial et néanmoins matamore visuel est un hommage à Pan) des réminiscences de Phil Collins (les premières mesures de Skeleton Key, mini opéra alambiqué duquel on ressort rincé, mais séduit – à noter qu’Alan Sparhawk y joue de la guitare), Sade (Organ Bed, étrange muzak feutrée qui en sa conclusion s’emballe, dans un maelstrom de claviers arpégés et de soli de saxophone réverbérés – ouch) et Kimera (Anthem of Me), mais surtout une ambition protéiforme rare, qui rapproche la Chicagoane d’artistes telles que Björk (fort goût pour l’expérimentation, le risque, les plantades), Anohni (tessiture vocale mouvante : unheimliche) et Joanna Newsom (rappelez-vous à quel point Ys était exigeant), sans pour autant la tenir à l’abri du faux-pas. On peut tout à fait se montrer génial, et imparfait ; virtuose, et fatiguant. Si l’électro Canopy of Eden (intensité progressive, tunnel techno kraut, ébouriffant) et Truth (groove raide, percussions délayées, un zeste de goa) font le job, certains morceaux paraissent moins inspirés – l’arty Cosmic Joke ; la ballade dark wave Cathexis, sauvée par son final enlevé, Lee Ranaldo aux chœurs ; l’instrumental It Takes My Pain Away, anecdotique. Une fois passé le fameux effet wahou (c’est quoi ce truc ???), le parti-pris synthétique (froideur, certes, monotonie, sans doute), la propension au too much (l’album est si généreux qu’il déborde puis se dilue) et la tracklist bancale font qu’il est peu probable – malgré le talent éclatant de Circuit des Yeux ; au programme, majestuosité, panache, impavidité – que Halo On The Inside résiste au temps. La première impression sera la meilleure : il en va ainsi des amours passagers, qui n’en sont que plus beaux.




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