Avec leur premier album, produit par GrandMarnier, sans œillères ni snobisme le duo Chien Méchant nous propose un improbable crossover musical, convoquant un pan de l’électro 00’s tout autant que la pop synthétique des boys band de la fin des 90’s et la variété eighties, à tel point qu’ébouriffés l’on se demande parfois, à l’écoute du flamboyant Métamorphose, si nous ne sommes pas tombés dans une faille spatio-temporelle. S’ouvrant sur un Nuit Blanche (hommage à Vive La Fête ?) à cheval entre Justice et Début de Soirée – beats métronomiques, rafale de synthétiseurs vintages arpégés, chant ouaté –, Métamorphose est un éloge du grand-écart : porté par une irrésistible ligne de basse groovy, le syncopé Nymphe évoque Midnight Juggernauts et Michel Jonasz (la mélodie jazzy du refrain), tandis que le plus martial Carte Aventure se verra comme le mariage électro-clash de David Guetta et d’Alliage et que le ciselé Do You ?, aux arrangements lumineux, nous rappelle étrangement Michel Fugain et son Big Bazar. Les dix compositions de Facundo Rodriguez et Gabriel Le Masne forment un intrigant jeu de pistes, à la production néanmoins cohérente et homogène, qui permet à un titre tel que Métamorphose (sommet de l’album), par sa théâtralité ornementale et ses variations climatiques, de chasser sur les terres baroques des estimables Ratatat. Aux sucreries surannées (la ballade RnB Kimono, on s’attend à voir débouler Lââm), l’on préférera de loin la frontalité (les accents kraut de Ta Fiction ; l’instrumental techno Point Final, parfaite conclusion), Chien Méchant n’étant jamais meilleur que lorsqu’il montre les crocs.