On n’est pas loin de certaines rengaines qu’affectionne Bonnie Prince Billy. C’est du blues, le chant traîne, les guitares sont fatiguées, le batteur au bout du rouleau, mais c’est pour mieux happer l’auditeur dans son univers boueux que Cass Mc Combs entonne « I’ve played this song before ». Il chante aussi fort que les instruments et les choeurs qui l’accompagnent sur la route de ce premier titre. Tout doux, tout doux.
L’ album Seed Cake On Leap Year est vraiment un album studio dans le sens où nous, personnellement, sommes les témoins d’un tâtonnement paradoxalement maîtrisé de la mélopée blues dans son plus bel aboutissement. Un chemin vers la nostalgie propre à cet artiste de 47 ans qui a démarré sa carrière de songwriter dans son pays d’origine, les Etats-Unis, vers 2000. Vingt-quatre ans et onze albums plus tard, le voici de retour pour notre plus grand bonheur à nous, Européens en quête de sentiments et d’étreintes insatisfaisantes.
En 1994 Beck sortait One Foot In The Grave. Aujourd’hui nous aurons les dix titres de Seed Cake On Leap Year en héritage de ces prémisses de blues blanc chers à Will Oldham et consorts. On n’ a plus jamais entendu parler de Grant Lee Buffalo et c’est Seed Cake On Leap Year qui nous le rappelle aujourd’hui : les Américains sont super forts en mélancolie.