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Faisant référence au Bethlem Royal Hospital et aux soins psychiatriques que l’on y prodiguait, Voltaire - dans son “Traité sur la tolérance” - notait que “ce monde est un grand Bedlam, où des fous enchaînent d’autres fous”.

L’institut londonien est encore en activité, pour preuve ce commentaire Google récent, rédigé par un patient quelque peu taquin : “10/10 doit essayer j’ai adoré c’était le meilleur j’ai arraché la perruque des dames et je me suis enfui quand ils m’ont électrocuté si je me sentais si bien et puis ils m’ont mis de la drogue ça m’a donné envie de rester plus longtemps mais malheureusement je ne pouvais plus”.

Bess Of Bedlam – soit Fanny L’Héritier (Bess ?) et Guillaume Médioni, moitié du groupe lyonnais psychédélique-pop Odessey & Oracle (patronyme hommage au meilleur album des années soixante) (aucun débat possible) – n’en est pas à son coup d’essai et se livre, après un plus introspectif “Folly Tales”, paru en 2018, à un exercice de haute volée.

A l’écoute des onze titres de “Dance until the crimes end”, l’on imagine très bien la chanteuse – dont la voix haut perchée, pure et addictive, colore à merveille les comptines sixties de cet album magique – longer d’un pas léger les sentiers d’une campagne anglaise immaculée, comme échappée d’un roman de Jane Austen, où il serait question d’arpenter en tous sens les chemins de traverse – non par rébellion (la rébellion, c’est puéril) mais parce que c’est beaucoup plus amusant.

Il y a dans la musicalité ludique et néanmoins exigeante de Bess Of Bedlam une espièglerie préraphaélite qui vous contamine en un battement de coeur.

Tout devient chahut, chaleur et confusion, nous sommes au centre d’un bien lumineux kaléidoscope – Purcell et Shakespeare entament un bras de fer tandis que convolent en justes noces Kate Bush, Robert Wyatt et Joanna Newsom (oui, je sais, elle est américaine), leurs dizaines d’enfants Zombies s’égayant dans le jardin-jungle en forme de nuage lysergique.

A la fin du disque, légèrement dans les vapes, on émerge en souriant, tranquilou pilou pilou.

Il y a Big Nurse qui nous tient la main, elle serre fort, un peu trop fort, ça fait mal, et elle nous demande d’un air contrarié pourquoi on a écrit des bêtises sur Google, alors qu’on devrait savoir qu’elle ne porte pas de perruque, ce sont des vrais cheveux, des putains de vrais cheveux et il est hors de question que les gens pensent qu’elle porte une putain de perruque et nom d’un chien elle (…)




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