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Cette BO, ou illustration sonore d’un film muet pour ceux qui préfère, a deux mérites. Le premier est de nous offrir l’occasion de nous replonger dans ce chef d’œuvre de l’expressionnisme allemand, « Golem » ( « Der Golem : Wie er in die Welt kam » pour les fans de Horst Hrubesch), de Paul Wegener et Carl Boese, clé de voûte d’un cinéma qui nous aura nombre de fois empêché de dormir quand Patrick Brion nous proposait, alors que la nuit eût depuis longtemps enlevé la couleur, des films de F. W. Murnau entre autres. C’est un film fantastique raisonnant de façon particulière quand on pense ce qu’il a pu se passer vingt ans après (le film raconte l’histoire d’un rabbin qui fabrique un monstre dans l’espoir d’en faire son serviteur, mais aussi le sauveur de la communauté juive).

Si Franck Black (Black Francis à l’époque) s’était essayé avec plus ou moins de bonheur à la réalisation de la bande son, ce que Stearica en fait en dix morceaux le long des cinq chapitres du film est tout simplement sublime. Et c’est là le second mérite, et le principal. C’est cette création sonore d’une force poétique et suggestive rare. Le trio composé de Francesco Carlucci, Davide Compagnoni et Luca Paiardi, ne trahit pas l’esprit, mais en le transposant dans leur univers provoque un choc esthétique d’une puissance étonnante. Jamais la musique n’alourdira la mise en scène théâtrale d’un cinéma naissant et dépourvu du son, bien au contraire, il y met une lumière aux contrastes vertigineux. Si nous nous contentions d’un survol, nous pourrions affliger le disque d’une étiquette post rockienne, qui serait une vague perception de cette création qui en se dévouant à l’œuvre cinématographique, lui donne encore plus de force, n’étant pas l’illustration, mais le complément inestimable (le disque oscille entre déflagrations jamais outrancières, mélopées familières ou sublimes transgression acoustique.) . Elles sont rares les contributions de ce niveau qui parviennent à nous transporter. Cette rencontre entre les deux univers distants d’un siècle, n’est pas qu’un simple dialogue, c’est la démonstration que l’essence même de l’art et de communiquer, et en cela les deux cinéastes peuvent se targuer là-haut d’avoir ici-bas des interlocuteurs musicaux. Subjuguant.




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