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Voilà les albums que j’ai le plus écouté cette année . Comme d’habitude, pas de classement. Il n’y a pas de gagnant ni de perdant . Juste une liste de 20 disques qui m’ont accompagné pendant cette année 2020 particulière.

Superbravo « Sentinelle »

"Et, à l’arrivée, entre projection fantasmée et sensation introspective profonde, on est encore à se demander si ces fragments nonchalament disséminés qu’on soupçonnait par endroit autobiographique, ne constitue pas les éclats d’un portrait morcelé qui nous ressemble étrangement. Vraiment troublant ... mais, quel plaisir, finalement, d’être ainsi troublé. Merci !"

Rodolphe Burger « Environs »

Vertige « Populaire »

"Alors votons Vertige, écoutons Vertige, partageons Vertige et souhaitons que nos descendants prennent possession de la rue, le poing serré en l’air, vindicatif, mais aimant, car l’avenir que nous leur proposons est indigne de nous, et la rage parfois sourde du disque nous le fait bien entendre. Disque d’une génération qui voudra ne pas perdre, sans haine, avec amour. Un vertige."

French Cowboy & The One « AF »

Laetitia Sheriff « Stillness »

"Stillness peut résonner de mille significations. Calme avant la tempête ? C’est en tout cas un album de combat, en phase avec son époque troublée, à la fois inquiet pour l’avenir et ouvert sur le monde, incitant à se retrouver autant que possible, dans le son saturé de bonnes ondes. J’y retourne."

Thousand « Au paradis »

"Thousand signe un grand disque de chansons françaises qui refusent de s’asseoir à la grande table, préférant la place du pauvre, enchérissant cette tablée de son écriture sachant mêler brûlure intense de la grande histoire et cicatrice de la petite. Une plongée dans une sainte écriture."

Bertrand Betsch « La traversée »

"À nous de lui souhaiter ce joyeux anniversaire et de ne pas oublier de préciser qu’il y en ait encore plus, de cet acabit, de cette force douce, de cette éblouissante mélancolie, de ce talent d’homme."

Camille Bénâtre « Après le soir »

"Le disque bascule alors avec « Ticket pour Téhéran » un instrumental internationaliste, un duel de tchatch sans un mot d’un troubador fabuleux. Adepte de la métaphore filée sur « Vieux Loup », cinématographique quand il se balade dans la trame d’un possible Téchiné (Juste avant (que je tombe amoureux)) ou thuriféraire d’une sorte d’excellence française, avec « Les Miroirs dans la Boue » , ou quand la chanson française populaire dans ce qu’elle a de plus beau surgit et que nous frappons également des deux mains en cadence, saluant le génie trop souvent oublié de William Sheller, Camille montre une palette diverse. « Le Message » qui clos l’album est une démonstration de plus que Camille en s’étant nourri d’une folk d’outre Atlantique n’a jamais fait de celle-ci la substance principale de ses compositions, mais est parvenu sans la décharner à l’accommoder à une langue qui avait souvent signé un divorce consommé. Comme sur un toit."

Primevère « Primevère »

Ropoporose « Dark star »

"Ropoporose ne renie jamais Carpenter puisque leur Dark Star incorpore boites à rythmes et orgues, d’où parfois une atmosphère répétitive, synthétique, lancinante, que ne renierait guère le cinéaste de Prince of Darkness. Mais cet aspect carpenterien, finalement krautrock, se trouve ici malmené par des guitares très Sonic Youth. Le rock démange Ropoporose, il s’incruste et domine les machines, car trop vital et sincère pour que cette famille pop-punk choisisse de l’évincer. La jouvence éternelle de Pauline et Romain se trouve ici. La nôtre idem."

Mickaël Mottet « Glover’s mistake »

"Il va donc sans dire ( attention spoiler-alert) que nous sommes ravis de compter le titre éponyme de l’album sur le volume 53 de nos compilations concrétisant ainsi l’enthousiasme de la rédaction d’ADA sur ce disque (en accords) majeur(s) de cette fin d’année 2020 qui au passage confirme (si il en était encore besoin) le rôle majeur de catalyseur du label We Are Unique Records dans nos émotions musicales. A Découvrir Absolument."

Fredda « Bisolaire »

"S’inscrivant dans une chanson française qui sait ne pas rester au musée, Fredda nous promène sur des flots tout aussi solaire que victimes des brumes et des bourrasques (l’eau un élément central de ce disque) pour finir par rejoindre une terre arche, un archipel (Appartiens à une île) . « Bisolaire » un grand disque lumineux sur nos ombres. Sublime et touchant."

Lesneu « Bonheur ou tristesse »

"La boucle est bouclée. Et n’en déplaise à quelque musicien pourtant issu de lignée respectable, Brest n’est pas que le fin fond de la Bretagne, Brest n’est pas seulement une ville où les chanteurs ayant "une autre histoire" viennent mourrir, il y effervesce une dynamique musicale sans nulle autre pareil, et il est logique qu’elle génère de la jalousie."

Barbara Carlotti « Corse, Ile d’Amour »

Dominique A « Vie étrange »

Michel Cloup Duo & Pascal Bouaziz « A la ligne - Chansons d’usine »

"Et à l’instar de cet ouvrier s’évadant dans le bien-être procuré par l’écriture, nous ne pouvons imaginer l’existence de Bouaziz, Cloup et Rufié sans leur ciment, leur Xanadu : la musique. En s’immergeant dans le roman de Joseph Ponthus, les trois artistes enregistrent ici un album très personnel, une façon pour eux de dire de quelle façon la résistance est-elle toujours possible : par l’Art."

Grandaddy « The Sophtware Slump on a wooden piano »

Black Bones «  Ghosts & voices »

Octave Noire « Monolithe »

"Les morceaux qui semblent ne pas vouloir nous quitter, ne pas vouloir se finir, sont tous mués par le seul but de nous emmener loin, avec la douceur d’une brise qui sait aussi se faire rafale quand il s’agit de nous secouer par des émotions troublantes, comme sur un « J’ai Choisi » pendant lequel Dominique A, tout remué, se trouve dans une environnement qui lui sied à merveille tout en le chahutant. Les autres invités que sont ARM ( « Monolithe Humain » comme la bande son d’une BD de Enki Bilal) et Mesparrow (« Parce que je suis » duo entre sensualité et traversée d’un long tunnel inquiétant) rentrent totalement dans l’univers d’Octave Noire, ne dénaturant pas, se frottant, pour mieux faire jaillir des étincelles. « Monolithe » pourrait bien donner un souffle nouveau à la chanson d’ici, un disque à la rigueur plastique sans équivalent actuellement, un sans-faute classe et étourdissant."

Centredumonde « Tigre, avec états d’âme »

"Et puis, on ne le dira jamais assez, Joseph Bertrand écrit des paroles parmi les plus réconfortantes de l’époque. Alors oui : tristesse… spleen… morosité. Probablement. (Encore que : depuis l’album Tigre, avec états d’âme, une lumière devient de plus en plus palpable chez Centredumonde). Sauf que cette mélancolie est saine, jamais dans le registre de l’auto-apitoiement (guère le genre de Joseph), parfois suffisamment distanciée pour que son auteur puisse en sourire, une mélancolie finalement commune à tous. L’une des nombreuses forces de Joseph Bertrand est justement de ne pas refuser d’écrire sur ce qui généralement ne dépasse jamais le stade du secret intime ou de l’inavouable. Artiste essentiel, donc."