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Victor Lesneu fait partie de ces jeunes virtuoses au talent isolent. Alors que les dinosaures arpentent les scènes et y usent leurs Doc Martin’s ou leurs Converses depuis des décennies, ce petit prince au slim trop court se faufile, chope une guitare ou un clavier et, de sa voix cristalline, arrive en quatre accords à se mettre les trois quarts de la salle dans la poche, le quart restant boudant, mort de jalousie.

Et pourtant le blondinet n’est pas né de la dernière saison des pluies (je rappelle qu’il vient du nord Finistère...). Il a notamment officié au sein des Slow Sliders qui ont sorti en 2018 un album chez les indispensables Nantais de Kythibong le chouette Glissade Tranquille (qui a reçu sa part d’éloges dans nos pages !). On y percevait déjà le talent de songwriter et de chanteur de Victor. Mais c’est surtout avec Lovin’, son premier EP solo qu’il concrétise tous les espoirs suscités, six morceau aboutis, d’une efficacité et d’une maturité effrontées à faire pâlir tous les Neil Hannon du globe. En effet, Victor réussi en un tournemain désinvolte à concilier la pop historique de Brian Wilson à Paul McCartney en passant par Bowie ou le Velvet, et une pop hyper actuelle aux mélodies inspirées et aux arrangements à la fois discrets et audacieux.

Bonheur ou Tristesse en est le digne successeur. Neufs morceaux d’une efficience redoutable, portés par une production exigeante, alliant nonchalance pop, mélodies infaillibles et virtuosité vocale. En effet, ce qui scotche immédiatement et met tout le monde d’accord, c’est bien l’organe de Victor, et la façon si bluffante de maturité qu’il a de s’en servir. Et pour la première fois semble-t-il, il se frotte à l’écriture francophone, sans prétention et pourtant avec un certain succès, un naturel assez déconcertant. Léger reproche quant au rendu final, la voix semble légèrement sous-mixée par rapport aux précédents opus (peut-être n’y a-t-il plus rien à prouver de ce côté-là ?).

Le Finistère est un monde à part, un microcosme, on y croise avec un plaisir sans cesse renouvelé un peu toujours les mêmes personnes... Par exemple, Lesneu est signé chez Music From The Masses, le label des brestois Bad Seeds Record Shop, un des quelques incontournables magasins de disques indépendants bretons (qui sait manier le clin d’œil, de Nick Cave à Depeche Mode). Magasin qui a partagé ses locaux avec Le Festival Invisible et L’Eglise de la petite folie, le label d’Arnaud Le Gouëfflec, John Trap, Centredumonde et Garden With Lips.

La boucle est bouclée. Et n’en déplaise à quelque musicien pourtant issu de lignée respectable, Brest n’est pas que le fin fond de la Bretagne, Brest n’est pas seulement une ville où les chanteurs ayant "une autre histoire" viennent mourrir, il y effervesce une dynamique musicale sans nulle autre pareil, et il est logique qu’elle génère de la jalousie.




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