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C’est toujours un bonheur quand apparait un label, comme quand le verdict de docteur vous certifie que ça va, le cœur a tenu jusqu’ici, poussez plus loin…osez. Fraca est un label de Paris mené de mains de maitre ou plutôt de maitresse, puisque la femme y est ici a l’honneur, malheureusement il faut encore souligner cela, jusqu’au jour ou cela sera autant normal que dire bonjour. C’est une superbe équipe (une musicienne une réalisatrice visuelle et une réalisatrice sonore, mais surtout trois artistes), qui porte a bout de bras et de bon gout ce projet. Fraca (Fraternité cannibale) ouvre ses portes au premier disque d’Emilie Marsh, et l’on note la liberté offerte à l’artiste.

Mais parlons de cette nouvelle signature du label, Emilie n’a pas la langue dans la poche, elle l’a bien placée le long de ses chansons, la mène avec acidité mais sans agressivité, disons qu’elle vous frappe doucement les tympans, avec talent. Emilie commence tranquillement mais surement cette assurance que donne la foi d’aimer ce qu’on fait, d’avoir baigner son esprit dans cette chanson française qui ne demande rien d’autre que de dire les choses a la face, avec cette voix chaude qui se pavane avec certaine désinvolture sur des compositions agréables. Femme au présent, fond guerrière, rebelle, surface caresseuse, elle décline le jour au jour dans des histoires naturelles.

Les chansons d’Emilie sont des strates calmes de petits bonheurs et légers heurts qui s’entassent, se fusionnent dans des musiques paisibles malgré leurs rythmes saccadés, des chansons qui restent en bouche, comme les bons vins, et dont la saveur reste a l’orée du sourire, de ces chansons qu’on écoute sans bouleversements visibles, pop parfois satori de Daho, de paroles certes plus directes et revendicatrice, ça parle d’amour, de premières fois dans nos dos, de ce qu’il reste du passé, de ces narrations que l’on croit anodines (Hardy a cet art, elle aussi), mais qui font des fissures, des failles que l’âme reconnait souvent comme sienne. Se sont des émotions que l’on connait, ce sont des abimes, des falaises d’où l’on c’est lancé, et puis, soit vol, soit chute, mais au moins, on les vit dans la chaleur de ses chansons. La voix reste en avant de la musique, là est la vrai puissance de ce disque, les paroles sont celles qui se chargent de teinter les musiques d’un repos ou d’un assaut.les intonations ont ce pouvoir que j’appelle personnellement l’effet Barbara, ce pouvoir de mettre la pression d’une tournure vocale sur certaines ombres ou lueurs du texte pour donner vie et nerf a l’ensemble, nous ne parlons pas seulement d’une grande chanteuse, sinon d’une énorme actrice des mélodies, qui interprète a la perfection l’histoire qui la frissonne, parfaitement imager sur ce « Où vas-tu la nuit » que je trouve personnellement…merveilleux. On pourrait trouver beaucoup d’influences dans la chanson française féminine , et masculine dans certaines chansons « Haut-les cœurs »par exemple, digne des Balavoine fins ou Berger émus (a propos de « Haut les cœurs » il y a une version live époustouflante), « Vents violents » m’arrache l’émoi comme ce magique « Eleor » de Dominique A, mais ma première image d’elle se raccroche a la silhouette sonore de Véronique Sanson, cette force de voix, qui a des flammes pour respirations et n’étouffe pas les mots sous des timidités ou des moralités, cette liberté, cela ne se ressens pas sur un seul titre, mais sur l’ensemble du travail. Mention spéciale pour ce duo avec Dani « Sur les ondes », et là non seulement pour le parfait engrenage de la voix grave et froide de l’égérie et celle plus chaude de la petite pousse, sinon pour le travail éclatant et peaufiné sur tous les sonorités lego qui forment la musique, où chaque tonalité a son poids parfait, et accompagne le crescendo épaississant son univers, et dévoile que non seulement, cette femme est chanteuse, interprète, mais aussi une sacré oreille pour la composition. Je dois en être a la quinzième écoute, et a chaque fois, le diaphragme se soulève un peu plus, a chaque fois le soupir est plus profond, le corps hésite entre paix et mouvement, cette envie de faire des gestes lents, danser l’air, brasser l’univers, se laisser aller… je suis bien piètre valseur et pire petit rat d’opéra, mais l’âme a des vertus de ballerines, et ne peux que vous inviter a entrer dans la danse invisible de l’esprit qui se fait plaisir.




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