Je ne sais pas si c’est l’air du temps, ou si c’est une façon de nous détacher de l’atmosphère plombante qui semble vouloir nous clouer au sol, mais pas mal de disques essayent de nous envoyer dans les étoiles. Certains finissent dans un trou noir, d’autres se perdent aux confins de l’univers sans possibilité de nous envoyer un signal concluant, et puis il y a ceux qui font de l’espace un environnement épanouissant, un territoire aussi inspirant que salvateur quand on pense à la misère de la condition humaine.
Navel fait parti de ces rares musiciens de l’espace qui arrivent à nous faire décoller, sans jamais nous perdre dans les étoiles. Car c’est tout le miracle de la musique de Navel, ne jamais croire qu’un simple souffle solaire peut combler le vide de l’instant. Navel absorbe, décode, découpe et façonne dans l’immensité de son champ d’action une musique à l’immensité suggestive étonnante, pouvant dérouter le fan de post rock premier degré qui attend sa montée et sa descente comme trip obligatoire. Navel arrive à mettre en orbite des sonorités acoustiques, sans que celles-ci soient écrasées face à l’absence d’oxygène, car au final nous respirons mieux en écoutant « The Hamburg Arkansas Starsound Orchestra play Navel » qu’en passant notre tête à une fenêtre, il faut dire que l’horizon chez Navel a quelque chose de véritablement infini.