On a beau avoir déjà entendu ce psychédélisme crapadingue et défoncé, on retombe assez facilement à ses pieds, surtout quand celui-ci est made in Normandie, et qu’il se présente dans un slip du plus bel effet, une caisse claire pour réveiller les arbres, avant de les fumer.

Même s’il se dégage de ce disque, comme beaucoup de disques de ce style, une fumée stupéfiante, le groupe n’est pas avare de mélodies entêtantes, maitrisant à merveille les rythmes pour nous propulser telle une boule de flipper rencontrant un ressort tendu, comme un slip, enfin pas celui de la pochette.

En convoquant la musique des porteurs des chemises à fleurs des années 60, le groupe a aussi envoyé un carton d’invitation à notre shoegaze chéri, musique qui nous permettait, nous les timides de danser face à la femme de nos rêves, sans jamais croiser ses yeux, juste en prenant ses pieds comme l’ombre possible des nôtres.

Plus le disque avance, plus il semble se végétaliser, se baladant dans des gigantesques champs de fleurs, traversant sans chaussure à cloche-pied, donnant à cette traversée des allures de championnat régional de vitesse afin d’éviter les coupures, sans pour autant perdre le temps de humer les odeurs.

Comme un gros chat, le groupe pense à s’étirer quand il en a besoin, sortant des griffes énormes telles des riffs de guitare ravageurs, pour marquer sa place et faire des étirements pour un confort ultime. Le mur du son n’est jamais vraiment franchi, mais des entailles lézardent celui-ci, surtout par le biais de clavier à la déflagration aussi stridente que les vocalises de Patrick Juvet quand il se coince son truc dans sa fermeture éclair (il faut porter un slip).

« Salvation Prayer » est un disque au final épatant, car il place de façon insoupçonnable la Normandie sur un échiquier musical plutôt ensoleillé, mais surtout, car il sait nous attraper à chaque morceau, sachant ne jamais se répéter, ce qui est une prouesse pour ce genre de musique. Epatant