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Le terme décomplexé a quand même méchamment mangé ces derniers temps, et comme souvent, ce sont les politiques qui se sont chargés de trahir son sens (Copé one point), lui donnant une connotation négative, là où celui ci nous ferait plus penser à une jeune fille légèrement callipyge, à la poitrine fournie, traversant nue une prairie en courant après la liberté, avec une bouche grande ouverte et souriante, ivre du bonheur d’être….décomplexée.

Décompléxée c’est ainsi qu’est présentée la musique de YachtClub pour son premier album. Nous avions croisé le groupe via un premier EP qui nous avait enthousiasmé, au point de lézarder les murs des pièces dans lesquelles nous pouvions écouter le disque. Pour cet album, dieu merci (expression toute faite, car non pas merci Dieu, car quel bordel ton monde) le groupe n’a rien changé dans sa façon d’écrire des chansons barrées dans lesquelles les mélodies sont chahutées, se cognant à des sonorités qui se sont depuis longtemps émancipées.

Dés "+++" l’auditeur comprendra qu’il ne sera pas dans la zone de confort d’une pop polie et rasée de prêt (la pop est une fille qui se rase, et quoi cela vous pose problème ?) Cette entrée en matière serait une rencontre entre le grand Sebadoh et un prêtre qui se serait barré de son couvent en criant partout que dieu et le malin sont une seule personne, et que tout cela est certainement une oeuvre conspiracioniste d’une loge maçonnique répudiée.

Après cela "Tole 3" serait comme une pause nécessaire et bienvenue. Ce morceau est comme échappé de la série scandinave Robot, entre froideur et sensibilité possible, notamment via des choeurs nous amenant dans une forme d’apesanteur éthylique.

Pour voyager (normal pour un Yacht) nous allons en faire des voyages. A commencer par "Cocofuzz", Générique improbable d’un jeu télé sorti des années 70 ou du générique d’une série que les habitants de Pluton auraient plébiscités au dernier Golden Globe de Pluton et sa banlieue satelitaire. Avec "Toc Toc Toc" ce sera plus un voyage dans une machine infernale. Dans celle ci on y aime à la fois des coupes franches et nettes et en même temps des parcelles de vapeur, comme si Bjork servait de boule dans un flipper à taille humaine. Bjork qui aurait peut être trouvé un endroit pour moins nous emmerder avec "O.A." comme si blonde Redhead faisait de l’apnée du sommeil et condamnait sa chanteuse à chanter finissant par rêver d’être libre comme un oiseau. C’est barré, c’est beau, c’est grand, c’est Yachtclub.

Nous sommes à cet instant en droit de nous poser des questions ? Quand YachtClub commencent à enregistrer savent ils comment celui va finir ? En témoigne la bien aimée "Giants", digne des divagations d’un des SYR de Sonic Youth quand le groupe New Yorkais essayait d’aller encore plus loin dans la recherche de nouveaux formats de chanson, chanson qu’ils avaient déjà pas mal chamboulées. YachtClub capable en moins de 5 minutes de faire s’entrechoquer des univers contraires, comme un choc cosmique qui n’est peut être pas que le fruit du hasard, mais peut être d’une épice redoutable.

La suite ne nous fera permettra pas pour autant de reprendre nos esprits. C’est le maboul et beau "Tole", qui nous prend alors par le bras, comme si vous étiez Alice et que le pays des merveilles étaient transposé dans une nouvelle version de Tron, épisode se déroulant dans un univers prenant sa source dans dans hauts plateaux africains.

Yachtclub ne pouvait nous quitter normalement, mais ne pouvez pas décemment nous laisse dans un chao. Ce sera donc via "Mellow", titre au sonorité enfantine et cristalline, étirant une ligne mélodique pour qu’une chanteuse équilibriste avance, et finisse via des battements de cils par clôturer cette parade insensée avec maestria et ingéniosité.

Avec des groupes comme Adam and the Madams et Yachtclub, la France sait vraiment se dévergonder sans écharper pour autant le cadavre faisandée d’une nouvelle scène française qui a force de prendre la pléiade pour le prochain lieu des possibles, voit son avenir scellé sous les armoires bretonnes virtuelles. YachtClub aura d’ici là déjà fait la rencontre d’un petit homme vert du nom de jean Louis qui leur apprendra à s’accorder sur une chose, le désaccord perpétuel. Cette chronique est folle, ce disque est une folie.




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