> Critiques



2ème jour du festival et ce coup-ci en plein air, avec la pluie, comme prévu ! L’orga du festival a investi cette année pour drainer le terrain du fort St Père et réduire la boue sur le site, on croise les doigts pour que cela fonctionne. Munis de nos cirés pour l’occasion, rien ne nous arrête pour mener à bien notre mission !

La navette prise depuis St Malo nous mène aux abords du festival et nous suivons le flot de spectateurs. Les cirés et les bottes multicolores égaient la grisaille, on sent la bonne humeur malgré le mauvais temps. Le drainage fonctionne bien devant la grande scène, mais il reste des No Man’s Land vers la scène des remparts avec son lot de flaques d’eau et de boue pour le plus grand bonheur de certains festivaliers.

La pluie qui est tombée toute la journée s’arrête à notre arrivée sur le site et nous laisse profiter des concerts toute la soirée. Alors que les premières notes résonnent, des chèvres observent goguenardes du haut des remparts ces humains s’agglutinant et gesticulant dans la boue.

C’est Wand qui démarre les hostilités sur la scène des remparts, et ça attaque fort puisque le batteur détruit la peau de sa caisse claire dès le 1er morceau… un peu tendu peut-être ? Leur rock garage énergique, emmené principalement par le guitariste chanteur qui en fait des tonnes sur sa guitare, donne le ton de la journée : sonique ! Le guitariste côté jardin reste un peu à l’écart, boudant dans son coin, l’air de s’ennuyer ferme. On reconnaît une reprise de The End des Doors sans grand intérêt, puis la suite du set s’essouffle un peu. Une entrée en matière en demi-teinte.

Puis Thurston Moore entre sur la grande scène, sans Steve Shelley à la batterie (à notre surprise), mais avec Debbie Googe, la bassiste de My Bloody Valentine et sa superbe basse, et James Sedwards à la 2e Jazzmaster. Contrairement au concert de son précédent groupe Chelsea Light Moving auquel on avait assisté, Thurston semble en pilote automatique. Le set est un peu poussif au démarrage, les 1ers morceaux joués extraits de son album The best day ne décollent pas vraiment.

Progressivement, le son s’intensifie au grand bonheur du public qui commence à bouger grâce notamment au jeu des 2 guitaristes qui se complètent parfaitement. Vers la fin du set, Thurston se déchaine enfin (mais avec retenue), soulève sa guitare vers les airs et la frotte à la structure de la scène déclenchant quelques larsens jouissifs, le groupe nous gratifiant alors d’une dizaine de minutes de musique sonique à tendance larsens. On passe de bons moments, mais sans grande surprise.

Il est temps d’aller manger. On assiste donc au concert de Fuzz au loin, les basses nous parviennent et les images sur écran nous permettent de nous rendre compte du show à forte connotation seventies du groupe de Ty Segall. Cheveux longs dans le vent, maquillage visage blanc, lèvres et yeux noirs, le trio envoie son rock psyché à 100 à l’heure. On n’en dira pas plus, étant peu touché par le style.

On poursuit avec Algiers sur la scène des remparts, un groupe simplement indéfinissable : 4 musiciens sur scène (batterie, basse, 2 guitares, 1 chant), mais ce qui pourrait sembler être un groupe rock conventionnel se révèle bien plus surprenant. De la soul au gospel, du rock à l’électro voire au dub, la forte présence de bandes rythmiques et d’arrangements propulse littéralement leur son. Dès le départ on note la forte personnalité du bassiste aux yeux fous, qui harangue la foule, se frappe le torse, la tête, danse sans discontinuer ; le chanteur n’est pas en reste pour la danse, et son chant habité transcende les morceaux. Une des bonnes surprises de la soirée.

Retour aussi sec sur la grande scène (il y avait un peu de retard) avec Timber Timbre qui semble jaillir des bouches de l’enfer, noyé qu’il est dans la fumée et les lumières rougeoyantes. La première chose qui frappe est le son très résonnant dans les graves (le bas-médium précisément pour les experts), entre la guitare baryton, le wurlitzer et la voix grave et chaude de crooner du chanteur. Comme le titre du dernier album Hot dreams le confirme,l’ambiance est chaude dans l’enceinte du fort.

Après la découverte du groupe via un live KEXP, puis l’excellente vidéo barrée du titre Paul parue il y a quelques jours à peine, nous frémissions d’impatience de voir Girl Band. Leur noise punk atonal en aura sûrement surpris (voire rebuté) plus d’un, mais en ce qui nous concerne, on est scotché.

Le chanteur scande les paroles sur un ton désabusé, hurle parfois, tire sur ses habits de manière quasi épileptique, gesticule comme un pantin désarticulé ; le guitariste triture ses pédales, ne sort que peu de notes de son instrument qui lui sert plutôt de générateur de bruits saturés ; les lignes de basse sont en rupture, également saturées, lancinantes, répétitives, tendues, tordues ; le batteur, lui, impose la pulsation au reste du groupe, pour structurer le présumé chaos.

Rien de mélodique dans cette musique qui s’apparente plus à un cri primal, à un flot d’émotions brutales expulsées. Idéal pour ne plus réfléchir et perdre le contrôle.

Nous quittons rapidement le Fort après avoir jeté une oreille à Ratatat et leur son de guitares démodées, leur visuel kitsch : leur électro rétro nous laisse indifférent.

Photos © Jérôme Sevrette




 autres albums


 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.