Je prends chaque fois plus de temps à écouter ce qui débarque a rythme sur de marche militaire dans mon ordi qui en craque autant qu’il en jouie. Je prends plus de temps car à chaque nouveauté je me propose de contraster avec une des vieilleries qui m’ont fait croitre. Par exemple, et c’est flagrant, j’ai survolé une première fois Monolog et me suis de suite jeté sur ma discothèque. Cette voix, ces mélodies devaient s’approcher de ça, au début je songeais a certains trucs de Martin Gore, ou de Camouflage, de ces années 80 finissantes où le noir semblait prendre enfin le pouvoir sensoriel, Adrian Borland, Echo and the bunnymen dépressifs, Peter Murphy, peut être, mais je trouvais plus proche encore dans ce Masque de « The Mission Uk » bien qu’il cite The wire ou Interpol (Interpol est un thème tabou pour moi, sur un piédestal intouchables). Il n’y a de doute que la musique comme l’émotion, fait partie de cycles vicieux que l’on croit disparaitre des modes, mais qui reviennent aussi brillants et parfois plus lumineux, car là où Wayne Hussey abandonnait enfin les racines des Sisters et tombait peu a peu dans le frigide en se disant dans son pyjama que cela serait suffisant pour survivre, Monolog relève les gencives et montre certaines dents neuves que tout goths aimerait au petit déjeuner (pour la nuit, il faudra quand même prévoir quelque chose de plus costaud, plus rock, sinon, les goths même iront dormir tôt). Monolog, aka Pierre Maury, amant d’electropop aux intérieurs timides, œuvrant au sein du niçois « Rain », se lance ici en solo, tâtant le terrain avec cet Ep. Aux arrières gouts d’hier, mais aux prometteurs demain, jouant entre les froids très froids et les chauds plutôt tièdes, thèmes accrochant mais où il manque encore un zeste de spécial, que je sais latent, que l’on soupçonne, le talent est là, un savoir faire due a des années de câbles et cordes, mais il y a encore un peu de timidité, le tremblement du plongeur avant de sauter, le trac du coureur avant le départ, quelque chose de tout a fait cohérent quand on se lance dans le vide, avec comme unique bagage beaucoup de batailles (notamment cet Ep. « Hasta la evolucion » que j’essaye d’apprécier autant que celui-ci sans y arriver) mais encore aucune guerre. Je me dois, pardonne-moi, Monolog, d’attendre plus de toi, les sensations sont bonnes, et je suis hommes de sensations, mais donne-nous ce que tu tiens enterré en toi. Je prends beaucoup plus de temps a écouter ce qui arrive, mais je m’assure d’aimer ce que je chronique, et d’avoir foi en eux.