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Des fois je m’amuse à dire que je ne supporte que trois songwriters au plus. N’y voyez rien de plus qu’une provoc basique qui veut surtout dire qu’une grande majorité d’entre eux m’énerve. Donc oui je compte Neil Young, Jason Molina et Oldseed. Bien sûr qu’on peut y rajouter Hayden, James Yorkston, Will Oldham ou encore Vic Chesnutt même d’autres. J’vous ai dit, je suis d’une mauvaise foi sans commune mesure quand je m’énerve. Oldseed c’est une vieille rencontre qui fût d’abord virtuelle, à la glorieuse époque des débuts de Myspace. Je parlais avec lui (au moins dix ans en arrière je crois), il disait qu’il aimerait venir jouer en Europe...sa musique me foutait la chair de poule. Un jour Florian Schall (Specific Recordings, disquaire à La Face Cachée) me dit "ho Barclau y’a Oldseed à Metz tu viens ?". Je ne fais pas le lien tout de suite car des années étaient passées depuis, et hop je le remets. J’y vais et je chiale la plupart du temps, comme ma femme, comme mes potes, comme une majorité des gens qui m’entourent. Depuis j’ai dû le voir 4 ou 5 fois, réussi à collecter quelques-uns de ses disques tous aussi bons, et puis vint le temps de cet album dont je découvrais quelques morceaux en live. Et comme pour ses précédents disques, le live est une facette de ce que propose le support, l’un servant l’autre et les deux devenant nécessaires (non ce n’est pas une excuse pour collectionner des skeuds). Ce que vous prenez en émotion en live, vous le prendrez en disque en redécouvrant les titres sous le jour d’une complétude nouvelle, arrangés avec intelligence et parcimonie ou plutôt avec amour et pudeur. Car chez Oldseed il est toujours question de frisson, dans le texte, dans les mélodies et dans cet être dont l’apparente normalité et l’accessibilité renforcent la puissance qui se dégage de ses chansons.

J’étais donc déjà familier de certaines d’entre elles et c’est un plaisir de les retrouver, de pouvoir m’enfermer dans mon salon à leur écoute. Dans cette palette d’émotions qu’il utilise comme un peintre, chaque saison de nos êtres a une place. "Springcleaning" vous mettra du baume au cœur, c’est le genre de morceau que j’aime écouter pour me donner du courage (comme avec "I’ll be glad" de Bonnie Prince Billy) et dont les chœurs vous rappellent que non vous n’êtes pas seul, mais vous faîtes partie de cette voix unique née de notre multitude. Oulà je m’emballe, mais pourtant c’est bien le genre de sentiment qui me traverse quand j’écoute ce type. Je ne vais pas vous faire un inventaire, d’autant que chacun s’y projettera personnellement. L’ombre du boss rôde sur "play cards mama", me rappelant une de ces soirées où l’on a débattu de l’importance de Springsteen dans nos vies. "Never to return" et sa partie de sax sidérante vous fera vivre cette expérience tout comme le retournant "Economics" ou encore "Car trouble" (mmh ce piano à la Esbjorn Svensson), celle qui fait que celui qui écoute Oldseed se retrouve souvent face à lui-même. Car son disque comme son œuvre sont des miroirs universels de nos obsessions et désirs communs, nos doutes, ce qui fait de nous des humains et de lui un grand songwriter, parmi les rares qui se chantent pour les autres, le contraire de ceux qui chantent les autres pour eux-mêmes.

PS : joignant l’esprit à la démarche, Oldseed est un songwriter des chemins. Pour entendre sa musique, c’est principalement en live que vous pourrez le faire, et pour écouter/acheter ses disques il en sera de même. Quelques titres sont en écoute sur bandcamp, pour le reste, il faudra le rencontrer et dans l’attente vous satisfaire d’un grand absent de l’ère 2.0 : le mystère.




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