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Au début de tout, il y a cette curiosité du pécheur en eaux troubles, quelque chose, là, dans le liquide trouble, mords, quelque chose que l’on sent puissant, une belle prise latente, on sait sans le voir que la prise sera bonne. Je marche souvent ainsi, je jette une canne virtuelle sur les réseaux sociaux, je scrute le panorama binaire, je tisse des connaissances et dans ces filets, je trouve des poissons qui n’auront jamais la taille, d’autres énormes mais dont la chair a perdu son gout, et d’autres qui sans être « a la maille » comme on dit dans le sud, c’est-à-dire sans avoir la taille pour être encore proie, mais relâchées pour les jours a venir. Spamjam est un de ces derniers, poissons de rivières irrégulières au cours nonchalant et soudain violent, poisson habitué aux changements de tempéraments d’un flux sans époque, temps ni règles concrètes. Spamjam est un sextet nait en 2008, encore frais mais déjà aguerri au tourbillon des covers, comme tout bon groupe sachant apprendre des vieux vinyles, des Blondies et Talking, ces gens là coincés entre deux époques et sachant les faire siennes, ce rock qui joué en sourdine sous la déferlante 80 ‘s, et y ont survécus en touchant a tous les bouts de langues, toutes les saveurs. Spamjam y ajoute, mué enfin en groupe a compositions propres, des touches fines de musiciens de Jazz, des bribes de rock 70 ‘s et une pop aux brios funky et voix parfois rythmant blues, et des jeux de tempos a la fois chaotiques et attractifs. Parlons de cette voix, Berengère (beau prénom, avec un prénom ainsi, le monde parait plus créatif), cette voix a un potentiel énorme, si je la trouve trop poussée sur « Our Day one »(où la musique est au contraire une perle de savoir faire rock), sur « La colmena » elle est feu, alcool, digne de ces chanteuses noires aux gorges divines, oui Berengère, quel futur nous réserve ta voix, et ces grands musiciens(ces cinq messieurs jouent par plaisir, aucun doute, ils jouent par amour, croyez moi, sinon ils ne joueraient pas si bien) qui la portent savent comment la faire rutiler, dans une position un peu en arrière, lui donnant l’ampleur, une réplique, un support qui exprime bien le niveau technique et le bon gout. C’est un peu un problème, la voix impressionne tant que l’on pourrait oublier le travail des instruments, mais ce décalage est en partie évité et le groupe est encore jeune et sa marge de croissance me parait énorme. Loin de moi l’idée de vous encenser, de vous mettre sur un piédestal, il reste du chemin à faire, et longue est la rivière et durs les pécheurs, Il faudra être poisson cruel et intelligent pour être bientôt une proie délectable, mais je crois qu’il sera facile de rêver d’un banquet autour de vous. Aux épices pop étincelantes, rock salée de funk et jazzy. Je vous invite donc, lecteurs, auditeurs, de jeter une canne a l’eau, laisser mordre ce poisson encore petit, le regarder et l’écouter, puis de le relâcher, et attendre sa maturité. Ça promet.




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