Comme pour « Yotanka » et « Monopsone », chaque nouvelle sortie du label « Atelier Ciseaux » aiguise la curiosité avant de convaincre dès la première écoute. Cas d’école, « Atelier Ciseaux » : comment relier François Virot et Police Des Mœurs, Essaie Pas et Dominant Legs, U.S. Girls et Mount Eerie ? La curiosité, tout simplement… Label frondeur, intransigeant mais ouvert à toutes les aventures, « Atelier Ciseaux », par son refus d’arpenter des sentiers trop communs, est aujourd’hui l’un des replis favoris pour amoureux de pop insomniaques.
Deux nouvelles sorties pour « Atelier Ciseaux », deux beaux coups : « Memorize Now », tendre et délicat EP du fortiche J. Fernandez ; « Favors », premier album de Vesuvio Solo (formation dans laquelle on retrouve Thom Gillies, bassiste des légitimement acclamés Tops).
Vesuvio Solo est un pur enchantement ainsi qu’un bonheur musical aux forts accents proustiens. En caricaturant un peu cette belle affaire, on retrouve ici l’épure cristalline du Durutti Column, la sophistication universelle de Prefab Sprout, le jingle jangle de Felt et les hymnes funk-pop de Duran Duran. D’obédience 80’s mais le regard contemporain, « Favors » plonge d’abord l’auditeur dans des sensations nostalgiques (« Boy Blue », « Lifeguard Suite ») ; avant de très vite s’affirmer comme en phase avec l’époque. Pour éprouver jouissance à l’écoute de Vesuvio Solo, il n’est certes pas inutile de connaître par cœur des parangons tels que « Penelope Tree », « Goodbye Lucille #1 » ou « Careless Memories » ; mais sans doute l’oreille vierge (que l’on ne possède fatalement plus) y trouvera d’autres motifs à enthousiasme.
Plus en prise avec l’émotion directe, J. Fernandez offre ici un beau condensé de songwriting aussi sincère que bricolé. D’une voix amicale, souvent apaisante (on pense à Syd Barrett, ce qui n’est pas rien), ce jeune surdoué s’adonne à un psychédélisme tout en sobriété ; à des chansons pop (aux accents jazzy) qui prennent légèrement tangente vers le cosmique tout en restant, in fine, farouchement tributaires d’épures mélodiques. Des compositions qui rendent sereins et apaisent la colère. Divin, forcément…
Deux disques quotidiens et humains. Deux disques chaleureux. Du bien-être en provenance d’un label qui, à ce jour, réussit à concilier populaire et intimiste.