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Second disque de Stereostar 69 que je chronique pour ADA. J’ai découvert leur musique avec leur précédent ep, bien qu’avec Christophe Besch nous soyons presque voisins (on vit en pleine cambrousse, donc voisins = 5 km de routes champêtres praticables 5 mois/an, par champ de maïs interposés). Voilà pour l’histoire géographique du rock messin pour lequel je verrais bien Stereostar comme fer de lance (après tout nous sommes la région du fer !!!). Allons, stop avec ces références douteuses et empâtées de régionalisme, ça fait mauvaise figure à notre époque. Et ce disque ? Encore une fois, S69 est là où on ne l’attend pas, défrichant ses territoires selon son bon plaisir tout en gardant une cohérence dans sa continuité discographique. Oui, souvenez-vous de la fin du précédent, parfaite préfiguration à ce nouveau disque qui se veut teinté d’une noirceur et d’une mélancolie bienfaisantes sans apitoiement. On reste dans ce rock aux allures de divagations urbaines nocturnes, de rues qu’on préfère éviter, de personnages qu’on préfère ne pas croiser. Dans cette permanente vacation, les thèmes se succèdent avec un goût de bande originale (t’as compris Jim Jarmusch ?). "Take me back to where I belong" se découpe donc en trois parties, trois moments d’un jour. On débute par l’étonnant "Dawn", instrumental à la fois beau et puissant qui répand une lumière diffuse non dénuée de majesté. Un côté post-rock raccourci qui n’est pas pour me déplaire, d’autant que le groove reste maître. Chaque ajout de couche est pertinent, c’est aussi riche que fin et invite à plusieurs écoutes. "Daylight", deuxième partie donc, est le morceau qui m’a le plus étonné. Par son ambiance étrange, mais aussi pour d’autres raisons. D’abord son riff d’intro qu’on dirait un début de morceau de thrash metal...franchement ça sonne très 90’s en plus. Et que dire du refrain (on fait avec ce qu’on aime), sinon qu’il m’a fait penser bizarrement à Paradise Lost. Là vous vous dîtes que j’ai craqué ??? Et bien non et je confirme, P Lost étant un génie des refrains/hymnes. Réécoutez "One second" ou "host", le penchant electro 80’s du groupe et vous comprendrez. D’autant que si S69 et P Lost ont des terminologies différentes, leur étymologie musicale est proche (amour commun pour la new wave ?). "Daylight" est un acte de bravoure pour les arrangements, l’intensité, avec Fabien Pilard au chant. Quand "Dusk" arrive, c’est le sol qui s’effondre. Sebastien Boess au piano émerge du chaos précédant pour une superbe mélodie très touchante sur laquelle vient voler la voix de Florian Schall (The Holy Mundane, Twin Pricks). Oui, voler, et j’ai volé avec. Avec cette tristesse inédite accentuée par un mixage subtil entrecroisant les voix pour un effet désincarné. La montée est d’une sincérité à faire pleurer un vautour.

"The mechanic" nous relance dans une spirale rock virulente, fichtrement bien composée avec encore une fois un refrain ultra accrocheur, progressive jusqu’à son explosion ou sa libération vers 2mn40. Libération ça colle mieux, jusqu’à l’accélération de la spirale tourmentée pour finir en discorde.

Puis "The architect" est la clé de voûte de ce nouvel excellent disque à leur compteur. Arrangements au top, refrain et mélodies aussi réfléchies que catchy (le compromis rêvé, l’architecture parfaite), construction ciselée. J’insiste sur le refrain, car on voit encore mieux ici comme l’écriture des textes est adéquate au reste, y répond, s’en nourrit au point que les mots aient autant de musicalité que la mélodie. Le résultat est tubesque au possible jusqu’à la sortie de ce fameux 31 west 8th street qui nous plonge dans une rue prise par la musique des dérives nocturnes.

Ainsi en cinq titres Stereostar 69 dresse une impressionnante cartographie émotionnelle appuyée par l’artwork très signifiant de Philippe Letullier (bassiste). Cinq titres enrichis par des contributions mais aussi par le mix et le master de Benshon Beerbaum (AndWeShelter) dont le savoir faire décore ce nouvel opus. L’objet enfin donne envie, un digipack trois volets avec livret, chaque partie composant l’artwork. Le matériel et l’immatériel réunis au 31, troisième étage discographique d’un groupe qui construit patiemment son tem




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