Mais qu’est-il arrivé aux These New Puritans ? Alors que nous les découvrions sur scène il y a deux ans, une énorme claque nous assaillait la joue gauche. Puis la droite. Puis la gauche. Et ainsi de suite. Tellement que notre tête, nos jambes, notre torse, se balancèrent automatiquement tels des pantins pendant tout le concert de la Maroquinerie (Paris XXe). La sueur fut notre partenaire les heures qui suivirent. Et il nous fut très difficile de revenir sur terre.
Quelques mp3 téléchargés plus tard, l’impression d’une énergie illimitée entraînant une électronique hyper pêchue ne nous avait pas quittée. En posant "Field of Reeds" sur notre platine, nous nous attendions à refaire des bonds. Ça tombait bien, c’était un dimanche de fatigue, pendant lequel il nous fallait malgré tout travailler à quelques dossiers urgents. Et... rien. Rien. Pas un pet d’énergie folle. Pas une note d’électronique sursautante. Pas de rythmes à 200 BPM. Tout le contraire, même.
Sur ce troisième album, enregistré à Berlin, les nouveaux puritains ont appliqué ce que le nom du groupe aurait dû les amener à faire depuis bien longtemps : l’esthétisme apuré, le calme avant la tempête, des mélodies épurées de tout faux semblant, des chansons sans artifice. Et pourtant, bien que ne répondant pas à nos attentes, le charme de "Field of Reeds" opéra totalement.
L’épure de certains titres, la douceur d’autres, l’aspect quasi monacal des derniers prennent totalement l’auditeur. Un peu de concentration, beaucoup d’écoute, un petit focus sur les détails de second plan qui parcourent les titres (parmi lesquels le son d’un Magnetic Resonator Piano ou celui d’un faucon qui s’était introduit dans le studio !), tout agit par magie.
Parfois, on pense à Talk Talk, celui des derniers disques, dépouillés des oripeaux FM des tubes. D’autres fois, c’est l’âme d’une Björk apaisée qu’on va chercher pour se raccrocher à quelque chose de connu. Ailleurs, c’est Robert Wyatt qui n’est pas loin. Quoi qu’il en soit, "Field of Reeds" a totalement réussi à nous convertir au puritanisme !