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La charpente craque, les escaliers que vous empruntez ont depuis longtemps signé un pacte de non agression avec la précaution et le silence. Vous vous frayez un chemin, entre les malles empoussiérés, les vieux meubles recouverts d’un drap lointainement blanc. Sur une console une boite, petite joliment décorée par ce qui devait être un tampon, ceux là même avec lesquels nous décorions nos cahiers d’écolier. A l’intérieur des fleurs séchées et des papiers, certains venant d’un pays lointain, l’inde probablement, des photos, et des mots, des guides à notre appétit de savoir. Et puis au fond un disque, un cd comme on disait dans les années 80/90 avant que nos discothèques ne finissent par se résumer à une boite noire, respirant par une diode bleue, signe de sa vie, signe aussi de sa mort possible. Vous pensez à une histoire de cadeau pendant un voyage d’un aïeul globe-trotter, mais c’est en fait le carnet de voyage d’un certain Vincent A., lui même s’inspirant d’un livre, « l’impossible voyage » de Marc Augé. Ce carnet n’est pas tout à fait comme les autres, il ne montre pas tout à fait ces territoires explorés. Il montre ce que ces territoires font sur le voyageur, tendant à prouver que dans les voyages nous nous cherchons plus que nous cherchons à trouver un « autre ». Ce carnet musical a la couleur du silence respecté, fragilisant chaque note, portant chaque mot, comme on amènerait une pierre précieuse et fragile à sa belle, sur un fil dans le vide. L’espace rentre même dans le chant de Vincent. La musique, folk, mais de quel folk parle t’on quand la route est sa maison ? Celui des grands espaces, celui de la liberté qui nous impose qu’une chose, être reconnaissante envers elle. A l’inverse de pas mal de ses illustres contemporains du Folk, Vincent ne cherche pas le pathos, la face noire de la vie, mais nous plonge dans une mélancolie de la fin de journée, quand les étoiles nous guident, donnant à la vie un semblant de poésie oubliée. Avec des mélodies calquant la ligne de l’horizon, Vincent peut asseoir son chant, délicat, toujours fort, quand de notre côté les gorges se serrent d’émotion.

Après « The Sand Corridor » et « Mountain Grace », deux album salués ici, Land semble poursuivre cette musique des espaces, éclairant peut être un peu plus nos vies étriquées par des désirs imposés, des empêchements lâches. Dans cette boite c’est bien plus qu’une découverte, c’est tout une philosophie qui nous éclabousse alors que le bilan sera de toutes les façons à faire un jour ou l’autre. A vous de redescendre ou pas de l’escalier avec la boite, le courage et l’amour du très beau comme compagnons. Un disque de route, soyeux.




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