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Interview réalisée par e-mails en septembre 2006.

Comment est-né le label ?

— Nico : Tous les deux nous composions de la musique depuis pas de temps déjà chacun dans notre coin ou en commun. Puis cela nous trottait dans la tête de monter notre structure pour sortir les musiques qui étaient autrement vouées à l’oubli. Mais la personne qui nous a décidé à finaliser le label, c’est Gerald d’Unique Records et les gens d’Another Record. Nous avons commencé par des sorties en CD-R puis maintenant nous pressons nos disques.

— Steff : Et l’on gagne pas un rond, mais ça me fait une beau mur de carton au fond du garage.

Pourquoi ce nom " Travelling music " ? Une invitation au voyage ?

— Nico : Cela vient du film de David Lynch " Dune " et de la phrase " Travelling without moving " à un moment de celui-ci. Puis on est parti sur plusieurs pistes avec " records ", etc…Pour finir sur TravellingMusic donc depuis le départ l’invitation au voyage est présente dans nos esprits par le fait que pour nous, écouter un disque c’est voyager sans quitter l’endroit où l’on se trouve.

— Steff : pas mieux vraiment

De quels autres labels français vous sentez-vous proches ? Pour quelles raisons ?

— Nico : Unique Records car on leur doit beaucoup et maintenant nous sommes vraiment des amis proches. Another Record par leur combat dans la musique libre et leur excellents artistes. Monopsone aussi pour leur humanisme. Ocean Music du fait qu’ils sont basés à Toulouse Le plus généralement de petites structures qui défendent une ligne artistique .

— Steff : "Herzfeld" aussi. Leur musique me touche vraiment. J’adore " Active Suspension " dans un autre style. Drunk Dog. Effervescence et Autres Directions. Tout ça, c’est le même combat.

Pouvez-vous présenter vos artistes et expliquer les circonstances de la rencontre entre le label et ces artistes ?

— Nico : Bon, pour les deux premières sorties ( Lemoine et CancelN) ce sont nos productions respectives. Ensuite pour Andrew Sweeny la troisième sortie officielle du label. Je ne sais plus très bien, Steph devait aider Christophe d’Ocean Music sur un concert et j’étais là aussi. Steph me passe des mp3 d’Andrew. Je pense que tous les deux nous avons accroché à ses chansons assez rapidement. Nous l’avons vu en concert ce soir là puis plus rien. Steph lui envoie un mail en lui disant que si son cd est disponible il court l’acheter ou sinon on le produit. Voilà. Pour l’histoire. Andrew, c’est un songwriter d’une puissance littéraire incomparable dans la veine de Leonard Cohen ou Will Oldham .

Apres, il y a eu la rencontre avec Vinaya. Il nous a envoyé ces CDS et voilà, bienvenue chez TravellingMusic. Il compose de la chanson Française electro et instrumentale d’un certain côté,. Il ose à chanter dans sa langue natale le Cambodgien et c’est une personne adorable. Nous avons hâte qu’il finisse son album prévu pour l ’année prochaine.

Et enfin le seul et l’unique Hoepffner !! Là c’est la rencontre d’un ami par un autre , un défi sur le fait d’écrire des chansons et de sortir un album. Un chanteur qui a moins de deux ans de pratique et si je me souviens bien 7 accords aux bouts de ses doigts avec un vrai univers artistique. Un croisement de Dominique A avec Daniel Johnston.

— Steff : Hoepffner. C’est un poète et un ami avant tout. C’est notre Andrew Sweeny français. C’est une émulation artistique mutuelle incommensurable. Je crois que quand il a vu qu’on écrivait des chansons, il s’est dit que lui aussi il pouvait le faire. Cela lui semblait un truc inaccessible au début. Et aujourd’hui il y a un disque. Magique. Pour les autres je crois que Nico a tout dit. Et l’émulation artistique reste valable aussi. La différence est que dans le cas d’Andrew ou Vinaya on devient ami après. C’est le cas d’Andrew, qu’on n’a connu par la musique. Ce sera le cas j’espère avec Vinaya que l’on connaît depuis peu de temps. Dans leur cas c’est leur musique qui nous a bouleversée. On emmènerait leurs disques sur une île déserte. On ne pourrait s’investir dans des artistes si ça n’était pas le cas. Ça demande une telle énergie en plus de nos tafs respectifs.

On ressent une certaine recherche de minimalisme, de pureté et d’authenticité dans votre démarche. Le ressentez-vous ainsi ?

— Nico :Je pense que l’on a inconsciemment une démarche artistique. Le minimalisme vient aussi du fait des moyens de productions des albums du home studio et Diy. Pour l’authenticité, il faut croire à plus de 100 pour 100 à un artiste que l’on sort.

— Steff : Pour moi c’est complètement conscient. Réfléchi. J’aime entendre les défauts, le bruit des chaises qui craque. Le déraillement de la voix. Ca transpire l’humain tu vois ? J’ai besoin de ça. Ca me fait vibrer. La première fois que j’ai écouté Will Oldham par exemple, c’est ça qui m’a frappé. Cette modestie absolue devant la création. Elle se ressent dans la voix et l’interprétation. Un artiste ne peut pas nous mentir si on sait écouter. Dès qu’on branche les guitares et les micros on doit tout oublier. Faire le deuil de sa fierté, s’abandonner. C’est là que s’arrête la part de conscient. Il faut perdre le contrôle.

Quelle est l’actualité du label ?

— Nico : La sortie de Hoepffner " La suffocation du monde " et puis celle de The Artificial Sea " City Island " prévue pour mi-novembre. C’est le projet disons " electro -trip hop " d’Alina Simone une artiste américaine dans la veine de Cat Power mais plus rock et brut. Elle ne s’occupe que de la partie chant et paroles sur une musique de Kevin C. Smith. Nous avons été en contact par une démo qu’elle nous a envoyé puis les choses se sont mises en place naturellement. Une tournée d’ailleurs viendra accompagner cette sortie.

— Steff : rien à ajouter.

Le futur du label ? Projetez-vous les sorties des deuxièmes albums de Lemoine, Cancel N, Andrew Sweeny ?

— Nico : Nous allons sortir l’année prochaine le prochain album de Lemoine avec son groupe. Puis le prochain Vinaya. CancelN est en préparation aussi avec cette fois un groupe mais pas d’album avant 2008 et pour Andrew il a environ 400 chansons de côté donc on attend de voir quand il sera prêt. Mais vu que nous restons limités financièrement, il faut faire des choix.

— Steff : On a déjà enregistré pas mal de démos avec Andrew. Il est perfectionniste. On explore des pistes. Lui aussi de son côté. Ca devrait aboutir à quelque chose de fantastique. Lemoine ça vient, mais entre le boulot, le label (puis la vie aussi hein !) il y a beaucoup de chansons écrites qui restent sans vrai aboutissement. J’espère qu’à ma mort, Nico fouillera mes archives et sortira " une anthologie dont personne ne voudra ". Ce sera le titre de la compil posthume ! Un album est presque prêt quand même . J’ai impatience que Nico (CancelN) enregistre ses nouvelles chansons qu’il chante lui-même. Il n’aime pas que je dise que ça ressemble à Piano Magic parce qu’il est impossible qu’il s’en soit inspiré. C’est sa voix qui est proche et cette rage complètement contenue. Ces guitares sur le fil du rasoir qui me rappelle cet excellent groupe. En terme d’innovation et de sensibilité on peut difficilement faire plus beau compliment en fait. Pour ceux qui n’ont pas aimé le coup de froid glacial de son premier album (qui était certes, peut-être un peu difficile à appréhender). Ils seront bouleversés par celui-ci. Ceux qui ont eu la chance de l’écouter jouer (son unique concert au Mandala, salle de jazz mythique toulousaine) ont pu deviner de quoi je veux parler.

Travelling music dans dix ans ?

— Nico : Je pense que si l’on existe encore et surtout si l’envie perdure, nous continuerons à sortir nos envies musicales mais sur quels formats ? Steff : Tu vois Constellation aujourd’hui ? Et bien c’est nous en 10 fois plus petit dans 10 ans. Ben ouais faut toujours se fixer des objectifs inaccessibles. Des rêves. Sinon y a pénurie de diesel et le moteur cale ! Va t-en le faire re-démarrer après !!

Pour conclure, vos cinq disques de chevet et un petit mot sur chacun !

— Nico : Steph aka Lemoine avant tout mon ami le plus proche dans la vie et la musique. Quelqu’un qui m’inspire. Radiohead " Ok Computeur " la reference en rock qui m’attire Thom Yorke " The Eraser " une voix unique sur une musique osée. A Silver Mont Zion " Horses In the Sky " le plus beau des silver The National " Alligator " simple et efficace Bonnie " Prince " Billy " The Letting Go " excellent

— Steff : Moi en fait j’écoute plus du tout le disque de Nico. C’est ma voix. J’ai l’impression de me masturber l’esprit. J’ai pris un plaisir immense à écrire sur sa musique pourtant. Mais le prochain album. Je crois qu’il va me faire littéralement chialer. Bon on s’envoie des fleurs par interview interposée. C’est beau non ? pitoyable ? ok on arrête.

Ceux du moment tu veux dire ?

— Spide : Summer Heal Hiker : Le disque de mon été 2005. A pleurer. - Magnolia Electric Co. "Fading trails" : Molina surclasse largement Neil Young. Au risque d’en choquer certains. - Bonnie Prince Billy : " The letting Go " : Tout beau tout neuf et impressionnant. Sinon j’aurais dit " Hope " un de ses meilleurs disques. - The John Venture : le DVD : Impressionnant de savoir faire. - Morose " People have ceased to ask me about you " : Les italiens qu’on va faire tourner avec The Artificial Sea. Ils sont impressionnants. Cela me rappelle beaucoup un des meilleurs disques de ma Cdthèque : Migala " asi duele un verano ".



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