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Ben Gibbard. B.E.N. G.I.B.B.A.R.D.. Et qu’on lui choisisse le plus beau marbre et le graveur le plus habile. On prendra soin ensuite de placer la plaque sur orbite. De manière que son nom illumine de sa classe l’ensemble du globe. Une vingtaine d’années et déjà une poignée d’albums qui jouent des coudes dans le peloton de tête des Cds qui tueraient père et mère pour se frayer un chemin juste à côté du lecteur. "Give-up", "Transatlanticism" sous les formes respectives de Postal Service et de Death Cab For Cutie ces deux dernières années. Et Monsieur remet le couvert. Il livre ainsi avec "Home EP Vol. V" le disque que tous les aspirants singer-songwriters à guitares de bois peinent à oser rêver. Pour accomplir ce tour de force musicale qui semble lui coûter autant d’efforts que ceux employés par Janita Kostelic pour remporter la descente des Mondiaux de ski 2005, Gibbard s’entoure d’ Andrew Kenny (en congé des excellents American Analog Set), pendant magnifique d’amertume et de savoir-faire boisé. Tous deux fourbissent leurs armes vertueuses en suivant à la lettre le plan de bataille préétabli par la série des "Home" : deux artistes et autant de guitares acoustiques, trois chansons originales et une reprise puisée dans le répertoire du compère -soient quatre chansons chacun-, un quatre pistes et plus de talent qu’il n’en faut pour se hisser au panthéon des albums qui rendent la foi. En bon évangélisateur, Ben Gibbard s’adresse au cœur ("You Remind Me Of Home") et guide nos esprits d’agneaux perdus vers le chemin qui nous conduira en dehors de trop de pâturages de médiocrité. La direction ? Home bien entendu puisque le concept de la série initie une réflexion sur le lieu souvent déserté par les Croisés de la cause indie, la maison. Avec subtilité, Gibbard évoque ainsi sa terre ("Carolina") et l’ensemble des émotions afférentes. Pas de lo-fi cache-misère ici messieurs-dames. Et pas d’évocation par trop entendue, de la béance de l’amour perdue. Si Gibbard s’ouvre sur la place de l’amour dans une vie d’artiste en construction, il évite l’exposition putassière de ses plaies ( "Farmer Chords" et cette phrase : "You can sing this when alone or whistle it through your teeth and it will feel like home no matter how far you’ll be from my lonely arms"). La chanson suivante, "Choir Vandals" (reprise d’Analog American Set) offre un passage de témoin idéal à Andrew Kenny en charge de la deuxième partie du EP. S’ouvre alors la porte d’une maison hantée par la conscience claire que le statut de génie se paie. Et notamment par l’absence. Andrew Kenny bâtit au fil des quatre chansons qu’il interprète une image en contrepoint de celle élaborée par Gibbard mais parfaitement complémentaire. Délicatement maussade et joliment amère, cette dernière fixe bien ce que le pékin moyen peut imaginer de l’après-scène en tournée et du retour dans la chambre d’hôtel et sa vue imprenable sur le Gifi local. On en tremble. L’EP, format idéal parfaitement adapté au concept de la série, se clôt sur le "Line Of The Best Fit" de Death Cab For Cutie retouché chirurgicalement par Kenny et qui cristallise en cinq minutes une mélancolie de l’artiste apatride que les Romantiques français décrivirent sur des centaines de pages. Et ouais les gars, rien que ça. Au final après Bright Eyes et Britt Daniels qui officièrent sur le volume IV, Gibbard et Kenny signent le point d’orgue de la série dont on espère des suites et s’invitent dans notre salon pour une opération à cœurs ouverts. Home is where the heart is on vous dit…




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