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Labyrinthique, tentaculaire, vertigineuse. Telle est la discographie undercover de Damián Ojeda qui, sous l’alias Life, a - en 2025 - publié sur sa page Bandcamp rien de moins qu’une dizaine d’albums et de EP auto-produits, dans l’indifférence la plus totale. En témoignent l’absence de chroniques et le commentaire d’un fan sur le site AOTY, qui s’excuse de lâcher l’affaire, expliquant qu’il lui faudrait une vie entière pour recenser l’œuvre du natif de Mexico. Projets solos ou parallèles, groupes, faux groupes, formations éphémères et à usage unique, la liste est interminable / impressionnante : A Nightlit Poesy, Aevilian, Comforting, Damián Jadësh Yyven, Elisa, Evocative Atmosphere, Exceeding Structure, Home Is In Your Arms, I Will Always Remember, IDIOM, Left Alone..., Liminal Dream, Nänmëë, Sadness, Ser, Thét Älëf, Trhä, An Open Letter, Barbelith, Born An Abomination, Kaskaskia, Rpg’97, ad libitum, ad nauseam ? Vous me direz, des artistes underground ultra-prolifiques, il y en a des tas et des tonnes (les millenials se souviendront de Thunderegg, tandis qu’en France nous avons notre Kim Giani national), alors pourquoi s’enticher de ce We Won’t Say A Word Until Tomorrow à l’intitulé désabusé ? La production ouvertement artisanale, peut-être, qui fait de l’impédance et des grésillements et des saturations cheap une ornementation à part entière ; la voix en retrait dans le mixage, qui de hurlements en spoken word ou mélodies pop arrachées au chaos, est d’une sincérité absolue ; les registres distordus visités avec un appétit dantesque, à l’instar de l’inaugurale May 12th, cavalcade blackgaze screamo organique au final addictif, ou de la montagne post-rock StarsExplosions In The Sky et Mogwai partouzent – et du coregaze June, fureur et mélancolie au programme, mood Dinosaur Jr., solo de guitare désarticulé néanmoins fluide, le brouillon et la beauté, la beauté née du brouillon, le bouillonnement incontrôlable d’une sensibilité hors-norme, qui se décline post-punk solaire sur l’étonnamment pointilliste Allusion To Summer Distance, évoquant Animal Collective tout autant que Weezer. L’album se conclut sur l’épique I Haven’t Said It Enough et, au vu de la munificence de l’œuvre de l’homme orchestre Damián Ojeda, l’on se doute qu’un tel intitulé n’est pas un trait d’humour ou un constat blasé : en dépit de tout, il poursuivra sa route, à charge pour nous de le suivre, quand bien même il y aura labyrinthes, tentacules et vertiges. Life is life, na-na na na-na.




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