Après « prêt à porter » et « paradoxes » nous nous doutions que les Sybil Vane allaient continuer leur mue progressive, pour réinventer un format, ou tout simplement à ne pas rentrer dans un seul vêtement à sa taille. Si on pouvait émettre des doutes sur l’intérêt de tout éclater ou de tout rallonger, on ne pouvait pas en émettre sur l’écriture des palois, glissant dans les interstices de leurs portées des arrondis et des lumières, transformant des mélodies en rencontres inoubliables. Avec « the locked suitcase » on se perd souvent, on a du mal à recoller les histoires sur la musique, comme si un décalage volontaire était là pour faire perdre pieds aux auditeurs. Faisant du vêtement un fil d’Ariane de leur discographie, les Sybil Vane ne retournent jamais leur veste, ils s’amusent juste à la découdre et à déplacer des pièces de celle-ci. Avec des habits parfois trop grands et des références ombrageuse (oscar wilde) Sybil Vane devrait gagner un public plus élitiste qu’éclectisme, un public qui a pour maxime que le chemin le plus court n’est jamais le meilleur, que la ligne droite est juste une ineptie pour faire de l’ennuie une nourriture pour les moutons bêlants. Sachez que la ligne droite est ici prohibée, pour l’ennuie on vous laissera juge sur la globalité.
Jeux de piste ou non, Sibyl Vane en tout les cas brouille, nous promenant chez Dorian gray pour se cacher derrière la beauté diaphane d’un top model, nous perdant définitivement entre le noir et le blanc dans un gris précieux et reflechissant. L’ouverture est hypnotique, une attaque de robot par des scories infectieuses, un autophage qui se fait manger de partout. Délivrant un post rock ondulatoire, Sibyl vane ne pouvait que s’adonner à disligado, un tortoise très sixtie ou un mogwai dans une salle de jeu comme intro à une diatribe d’une girl très riot et vulgaire à souhait. Une cavalcade punk dans un nuage de poussière. Comme il est question de prêt à porter le code vestimentaire est détaillé, il est chahuté et simple, un code post rockien sans déchirure ou mauvaise couture, un cadre classique et profondément chique pour un morceau qui se tourne au fur et à mesure autour, pour se transformer en merveille pop. Un défilé se termine par la figure de proue de la collection, la robe de mariée. Dress code est la robe de mariée de cet album. Avant de nous quitter un interlude nous arrive du fin fond de l’entre deux gaia et fantôme de final fantasy et nous amène sur Your weight, un morceau qui laisse un arrière-goût de rock progressif. Une robe pour john rafale, celui qui habille les gros alors que jusque là Sibyl vane taillait du sur mesure pour beauté longiligne. Un accident de parcours qui ne fait que rehausser encore si cela était nécessaire la beauté de cette collection de chanson. Sybil vane pour le dés d’or d’un futur proche.
On prévoyait à la fin du premier EP de Sibyl vane un avenir, le doigt d’or de la haute couture en guise de bibelot commémoratif d’un savoir-faire exemplaire. On ne croyait pas si bien dire tant paradoxes nous offre un groupe à l’évolution ahurissante, à ce demander même si la maison (de couture ?) n’avait pas changé de petites mains. Paradoxes nous en met plein la vue, peut-être trop, élevant le niveau dans la production, mais surtout, se moquant des cadres de la pop (oubliant tout….) lui donnant de la profondeur dans les esquisses. Si la trop grande amplitude dans les échos de la voix finit par lasser, c’est qu’elle rabaisse les envolés (le très radiohead circus), servant de sac de sable à un dirigeable vivant du vent. Mais on ne pourra que ce féliciter que des groupes de notre beau pays (celui aussi des expulsions !) prennent autant de risque dans la grandiloquence. Après Colapsus (cf la compilation à découvrir absolument volume 6) entre autres, un groupe perd le doute pour foncer droit dans un mur de fantasme assumé et vécu de plein fouet, sans prendre garde au possible coups. Les paradoxes sont là, un groupe gagne du terrain en appuyant son style en grossissant le trait. Pas facile à chanter, écoute à dominé, à découvrir sans tarder. Paradoxes ?