> Critiques > Labellisés



Découverte au sein du sextet nantais Inüit, dont l’album Action, publié en 2018, fut produit par rien que moins que Benjamin Lebeau (moitié des The Shoes), et désormais en solo, Coline Rio a rapidement fait parler d’elle grâce au tremplin musical Avoir 20 ans en 21 - organisé par Didier Varrod (directeur des antennes de Radio France) - et au EP Lourd et Délicat paru dans la foulée et très bien accueilli par le public.

Nourrie aussi bien par Léonard Cohen que Barbara, et inspirée par l’œuvre de l’américaine Phoebe Bridgers, Coline s’est lancée avec appétit dans l’écriture de son premier album, mue par le désir de faire éclater une sensibilité à fleur de peau et néanmoins toute en mesure.

Ce qu’il restera de nous démarre tambour battant avec Elle laisse, tube délicat aux arrangements minimalistes enlevés, cordes pincées, arpèges mélancoliques et harmonies vocales enchanteresses. D’emblée l’on ne peut qu’être séduit. Les ponctuations pianistiques et le phrasé de Ma mère font écho à la précision douce d’Agnès Obel, mais également aux circonvolutions aériennes d’une autre nantaise talentueuse en diable, Claire Redor, dont le Fruit Mûr nous a enchantés en début d’année.

Ces derniers mois, je me suis coltiné quelques disques de variété francophone, dont Laura Cahen (anecdotique), Pomme (bien, manque d’éclat) et Zaho de Sagazan (personnalité attachante, sans vraies chansons), et là je peux dire que musicalement, on est au-dessus, fingers in the nose.

Alors certes, l’on entend sur Ce qu’il restera de nous, des tics et du toc (Homme, son constat constatant peu, en tous cas de manière trop générale, et donc diluée, sur fond d’intonations à la Angèle), mais le chant sans peine emporte l’adhésion, par son timbre cristallin et si touchant, et la production mesurée évite les clichés de la trop facile et fatigante synthpo, même si ici et là l’électronique pointe le bout de son nez : j’ai en tête la pauvre Alma Forrer, si douée et plombée par un album (L’année du loup, putassier) allant à l’encontre de son essence particulière.

Maître de son destin, Coline Rio se livre sous un jour tombant jamais plombant et avance à visage découvert, avec la simplicité désarmante qui sied aux artistes qui connaissent leurs forces et font de leurs manques le passionnant inventaire de leurs ressentis : n’oublions jamais que les collines sont d’anciennes montagnes, et qu’en leur sein apaisé se conserve le souvenir de bien grisants sommets.




 autres albums


aucune chronique du même artiste.

 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.