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Face au mainstream, quand on est snool (snob et cool), deux attitudes possibles. La première, c’est le dédain : si ça plaît au plus grand nombre, c’est de la merde, et SI c’est de la merde, ça plaira au plus grand nombre. Imparable, souvent juste mais pour l’ouverture d’esprit, on repassera. La seconde consiste à se montrer plus malin que les malins : l’on se souviendra des hipsters blancs-becs de Pitchfork et leurs traditionnels bilans de fin d’année, qui portaient au pinacle des Frank Ocean, Justin Timberlake et autres Beyoncé. Une manière pour eux d’affirmer leur aptitude à percevoir ce que nous autres, simples aficionados underground aux oreilles bouchées, n’entendons pas. Il en va ainsi de la pop culture, sur laquelle n’importe quel esprit éveillé peut se faire les dents et mousser à peu de frais.

J’aime beaucoup l’album « Bass Girl », de Like A Tim + Gina V D’Orio, paru en 2004 sur le label Like Records et, quand j’ai entendu - au détour du générique de fin du film de David Yarovsky, « Brightburn » - le titre « Bad Guy », avec ses arrangements minimalistes focalisés sur les fréquences basses et son chant vipérin, j’étais très curieux de savoir qui était cette Billie Eilish, dont les cheveux violets, le teint blafard et l’air perpétuellement endormi (Droopy ?) synthétisaient – à l’instar de Lorde - l’horizon esthétique de la jeunesse contemporaine – ce qu’à l’époque je pensais être une posture malicieuse en réaction aux Rihanna, Shakira et Jennifer Lopez, stars flamboyantes à l’énergie et à la sexualisation débordantes. Erreur, aucune dérision, il suffira dans nos rues et dans nos parcs d’observer à loisir les clones mollassons de Billie Eilish pour appréhender une énième et stérile broderie comportementale sur un tissu de fantasmes qui consisteraient, pour chaque nouvelle génération, à se croire plus lucide que la génération précédente.

Cela étant, c’est sans œillères que j’ai essayé d’écouter le EP « Guitar Songs », cherchant à écarter mes préjugés sur Billie Eilish Pirate Baird O’Connell et son personnage d’activiste féministe, écologiste, végan et dépressive : en deux ballades folk, dans la veine d’une Lana Del Rey reposée (et reposante), l’artiste montre une sobriété inattendue, malheureusement atténuée par une fin de morceau dans laquelle s’intègre – c’est moche - la clameur live d’un public (« TV »), et quelques intonations de voix aiguës héritées de l’affreuse Jewel (« The 30th »). Dommage, jusque dans son désir de simplicité, Billie Eilish ne peut s’empêcher de faire de l’esbroufe, n’est pas Marissa Nadler qui veut.




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