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Le confinement a permis à un certain nombre d’artistes de se poser et d’interroger leur rapport à la création, d’explorer des voies inédites ou de creuser des sillons plus personnels, paradoxe d’un enfermement qui vous pousse à voyager, au moins intérieurement (pour ma part, je me suis interdit de toucher à ma guitare et de chanter, je ne voulais pas me mettre à dos mes voisins, qui étaient déjà assez punis comme ça – sacrifice pour lequel ils ne me remercieront jamais, puisqu’ils ne s’en doutent pas, les ingrats).

En cinq titres vaporeux et mélancoliques, Cyril Peron-Dehghan pose les bases d’un clair obscur cinématographique propice à la contemplation.

Les ballades mid-tempo du multi-instrumentaliste marseillais sont un régal de douceur, même si elles ont le défaut de leurs qualités : on voudrait entendre plus d’aspérités et de fêlures – évidemment, la production minutieuse et soignée, dans laquelle chaque arrangement est finement intégré, offre un écrin luxueux aux compositions spacieuses de “Reaching Out”, qui se termine par ailleurs sur un instrumental éponyme planant à souhait.

(Curiosité, sur le titre “Let me go”, on entend un dialogue tiré de “Le Grand Bleu”, le film de Luc Besson, décrié à l’époque pour sa laideur morale et esthétique : serait-il devenu “iconique” ?)

Il y a du José Gonzàles dans l’oeuvre de Cy : même amour des pistes de chant murmurées et souvent doublées, claviers et cordes effleurés du bout des doigts, basses en sourdine, savants assemblages de sonorités acoustiques et électroniques, architecture ambitieuse et néanmoins à l’échelle humaine, puisqu’elle laisse passer l’air et la lumière.

Assis au fond de la salle, on traîne un peu, laissant défiler le générique de fin, pas pressé de retrouver le réel, qui sans entrain nous tend la main.




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