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J’écrivais il y a de cela 3 ans pour ce que je considère toujours le disque de 2019 « Ceci n’est pas un disque, c’est une plongée dans l’acide dans une fête foraine, la barbe à papa comme appât, la sidération comme première manifestation émotive. Ceci n’est pas une suite de chansons, c’est une licence poétique au papier de verre, le paroxysme de la punchline mise au service d’une musique aussi squelettique ou famélique. Cousinage avec la nudité mordante de Noir Boy George, maquillage comme un Visage qui changerait le gris en noir, car on ne rigole jamais ici, même, la mélancolie est au placard (hormis sur le vibrant « Nous Avons Joué tous les deux » qu’il est impossible d’écouter sans la proximité d’un mouchoir au pouvoir absorbant absolue). »

Avec ce nouvel album, non seulement, je ne vais pas retirer un mot, une phrase de cette chronique à retrouver en intégralité, mais je vais même l’enrichir d’un attribut nouveau, celui d’un disque d’amour. Comme disait Laurie dans l’interview que le duo nous avait accordée « J’aime la beauté dans la laideur » , comme si la tendresse qui transpire dans chaque seconde de ce disque, devait aussi inclure le bordel de nos vies.

Il y a chez Poupard déjà, et surtout, la puissance de ce chant fragile qui vous donne à la fois le bourdon et le sourire ( « Vous n’irez plus » est une démonstration.) , qui respire la vie, comme un film de Xavier Nolan sans les nons dits, car chez Poupard tout est dit, suggéré parfois, mais frontalement. Si Stuart Staples pourrait chanter le botin qu’il me ferait chialer, David lui pourrait le faire avec une notice de montage d’une armoire IKEA. La force naturelle de ce chant est d’une désarmante profondeur dans le sens ou elle s’immisce au plus profond de notre épiderme. Sans jamais forcer le trait, David et Laurie nous electrisent et nous touchent, comme apostrophée par la simplicité.

Dés « Le Pont de ma Jeunesse » , David s’inscrit dans une lignée qui a fait de la chanson française autre chose qu’une distraction bravache. Il sait avec une économie de moyen sans équivalent installer un univers qu’il est impossible de ne pas arpenter. Avec « Coma » Laure, nous prend pas son chanté parlé, ce phrasé tout en nonchalance. Chronique de vie qui nous aspire pour nous prendre par surprise avec les onomatopées de David et son « Papy Jeannot « cruellement touchant avant l’épilogue glaçante. Le talent n’est pas seulement dans l’histoire, il est dans la mise en scène, attrapant même les plus réfractaires d’une chanson son couplet refrain. « Pendant des Mois » est comme une ritournelle enfantine, une île pour des grands enfants, une révolution loin des astres, mais proche de ce qui fait l’attraction chez Poupard.

« HLM » serait elle, la rencontre improbable entre une version déployée de « Bass Trap » et un roméo et juliette dans une zone oubliée des conforts.

L’album se clôture avec « Un Flic au Coeur Tendre » comme sorti d’un générique d’un film avec Pierre richard, avec cette mélancolie rieuse, mais qui vous donne l’envie de pleurer, car les larmes sont aussi les présents de l’amour, et Poupard en donne tellement qu’il est indispensable de lui en redonner.

Nous sommes 25 à avoir reçu cette déclaration d’amour (même canine avec « Kojak » ?), ces tranches de vie délaissées par les contemporains baignés dans leur smartphone. Poupard détruit l’impudeur, soigne son intérieur, rentre en littérature sur une musique qui n’a de cheap que la perception Liebnietzienne que nous pourrions en avoir. « Cérémonie Malagache » (titre étonnant non ?) ou Pialat chez Young Marbel Giants sous captagon. Amour toujours.




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