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L’absence ne s’accommode pas des mots "comment" ou "que faire". Elle est là, étouffant de sa présence épouvantable, montrant avec son air tout aussi sévère que narquois, qu’à elle seule, elle démontre qu’il y a une vie après la mort, puisque ce vide prend une place que rien ne pourra combler. Quand Jean-Marc a été emporté, Anne, Mathias et Manuel se sont sentis en perdition, écartant l’idée de mettre un point final à cette aventure de deux albums, sans exclamation, mais laissant en suspension une question. À celle-ci « la consolation des violette » sera une réponse tout aussi inespérée que cathartique, tentative non pas de combler le manque, mais de dialoguer avec lui. Tiré d’un Haïku, le titre de l’album, qui est aussi celui du déchirant deuxième morceau, est tout aussi énigmatique qu’empreint d’une forme de souhait pieu, celui de trouver des réponses, non pas dans la brièveté, mais plutôt dans l’imprégnation du temps. En faisant de cet allié pas toujours infaillible la proposition la plus évidente pour accompagner le vide, le trio ne s’émancipe de rien, sauf peut-être d’une retenue qui aurait été compréhensible. En étirant au maximum ces compositions qui doivent autant à Robert Wyatt qu’à des compositions posts modernistes habillage des films muets dans des contrées lointaines, entre Carpates sous un halo de lumière en combat avec une brume tenace et steppe d’Asie à l’horizon impossible à rattraper.

Anne tient alors le rôle de mater dolorosa dénuée de la moindre gesticulation, éprouvant la douleur, la tordant, façonnant avec elle ces phrases comme des volutes s’immisçant dans les interstices d’une musique qui avance, le pas lourd, mais aussi vaillant et tenace que celui d’un sherpa le dos courbé par la charge, mais le regard fixe vers le sommet à atteindre. Mais Jean-Marc est là, présent dans la forme de chaos que le trio est parvenu à instaurer. Il se cache derrière le moindre accident, dans l’intervention des sons d’un quotidien que l’on ne regarde plus que par le prisme de la performance.

Disque épique, immense poème, « La Consolation des Violettes » est une œuvre qui prend aux tripes et nous donne des clés pour envisager l’absence, de lui donner un corps, pour mieux-vivre avec elle. Nous vivrons longtemps dans ce disque.




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