Lucidité ou pas Romain chante sur s’enflammer " ô combien j’aimerais m’arracher à moi-même ", comme conscient de son impossibilité à se détacher de sa peau de chanteur d’Eiffel. C’est que Romain à le dos large, car sur ce corps de pure rocker les quolibets les pires se sont souvent portés, avec comme ultime et unique flèche venimeuse cette position de suiveur de noir désir. Certainement plus intelligents que le reste de la meute, Romain et Eiffel avaient repris le gang bordelais sur un live jekyll et hyde, et Romain a invité le bassiste du groupe sur ces premiers essais solos. Si l’ouverture laissait craindre un nouvel album d’Eiffel en cet effort du chanteur actif d’un groupe fatigué, la suite donnerait raison à ce besoin de fuite (toi). Avec des maux Romain fait des phrases, avec ses phrases Romain devient poète, et dans ces poèmes coule une rivière entre le noir et le rouge de la fièvre. L’éternité de l’instant, qui donne d’ailleurs son titre à cet album (quel titre !!!), Romain canalise une fougue sans limite, dans un morceau devant autant à noir désir qu’a Rachid Taha, chanson que la beauté n’a d’égale que le nombre de frissons sur la peau.. En gagnant de la liberté, Romain gagne aussi peut-être (enfin) ses lettres de noblesse que les voleurs pathétiques de Luke devraient rendre à la prochaine sortie des barreaux du héros bordelais. Romain lui pourra supporter la comparaison grâce à ces petits instants d’éternité.