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Ici se clôt donc la trilogie brillamment entamée en 2019 par The Reed Conservation Society. Reed veut dire roseau. Ce n’est peut-être pas anodin. Pas un hasard mais un indice, de ce que l’on racontera. Des destins, des personnages qui ne se brisent pas dans l’adversité. L’enfant aux jambes atrophiées par la maladie qui devient championne de natation, ou la fille-mère tête haute.

Avant les textes, The Reed Conservation Society séduit par les voix, par sa pop brillante, sa folk arrangée. Un ensemble sophistiqué et élégant. Le choix même du EP, fait par Stéphane Oz Auzenet et son acolyte Mathieu Blanc , est judicieux.

Le premier morceau nous emmène dans une nostalgie des grands espaces, surgissant dans la reverb des voix, un accent à la Neil Young. Après une rupture surprenante, le morceau s’allège, s’élève, et Neil Young est rejoint par Brian Wilson. Des, les voix devant, des choeurs sur mixés, les arrangements originaux. Le récit est onirique et la musique cinématographique convoque Ennio Morricone.

Miss Kellerman nous montre une voix plus personnelle, fait entendre une batterie traînante et entraînante. La voix féminine emporte la célébration vers l’aérien. L’hommage à la nageuse, à la plongeuse. La précurseuse de la natation synchronisée et du maillot de bain une pièce. L’icône de beauté, la femme parfaite des ballets aquatiques. C’est un des fils rouges de cette trilogie : Les hommages aux femmes ignorées par l’Histoire. Le dernier morceau du disque est la complainte de Paulita Maxwell, celle dont on dit qu’elle donna naissance à un enfant naturel de Billy the Kid. Un autre heureux lien dans cette série est le travail de Barbara Chwast pour les trois pochettes. Une déclinaison, la reprise d’un motif féminin.

Holly mood, avec la participation de Lonny est solaire et ouvragé. L’adhésion est simple et immédiate. Un morceau qui, sans explicite référence, aurait pu être enregistré à Laurel Canyon dans les années 70.

Gold, Gun and God, retrouve la reverb sur les guitares et l’espace s’élargit. Si la voix est cette fois solitaire, le texte est une adresse. Une version joyeuse de Micah P. Hinson. Même si les paroles sont ailleurs, une promesse d’amitié à l’autre qui sombre.

My Queen prouve qu’un socle inamovible n’empêche pas le changement d’ambiance. Ici on tire vers le psyché, la tonalité est indéterminée et interroge, le mélange imparable des voix emporte, enchante.

Une constante dans cet EP que la beauté de l’harmonie des voix, l’impression d’espace. Un disque paysagé, un EP fait au grand angle.