Nous vous avons déjà parlé de Kevin Navizet et de son projet Full Moon Little House, séduits que nous étions par « Waiting for the Sun » jusqu’à l’incorporer sur un volume de nos compilations. Ce titre qui assumait avec maestria une filiation avec le Radiohead d’avant le basculement, mais après la pop rock scolaire, était le titre du mois (je ne sais plus lequel.). Car Kevin Navizet a pour objectif de sortir un titre par mois pendant un an. Réalisé par Presley et plus prés de nous dans le temps et artistiquement, le Wedding Present, ce challenge méritait un premier bilan sous la forme du EP « June (Phase 1) » regroupant les cinq premiers morceaux.

Si l’ombre du gang d’Oxford présente sur « June » plane, on n’avait pas exploré en France de telles contrées depuis Syd Matters ou Sébastien Schuller (« Off » n’est pas fait pour les esprits trop faibles, l’émotion suscitée dépassera celle du cri d’une enfant seule dans la nuit noire.). La mélancolie chevillée au corps, Kevin Navizet installe tout d’abord une atmosphère qui traverse l’ensemble de ses titres avant de construire dans celle-ci des échappées mélodiques qui s’entrechoquent sans provoquer ni d’accident ou des déflagrations, tout étant comme tenu d’amener l’auditeur à une écoute studieuse et scrupuleuse. Mais pas de tension nerveuse, étouffante, Kevin sait se faire joueur comme sur « Eyes », titre qui inviterait les pâles d’un hélicoptère à emprunter une autobhan futuriste dans le sens inverse. Si le projet pouvait laisser dubitatif en cette époque de l’abnégation dans un temps court, ce premier bilan à presque mi-course laisse admiratif et rêveur pour la suite (qui arrive dés maintenant avec le post rockien « Gaia »), Kevin sachant mettre en scène ses désirs et faire de ses rêves la source inépuisable pour un travail mélodique d’orfèvrerie. Full Moon Little House continue sa révolution autour d’une pop tout aussi solaire que labyrinthique.