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  • 14 mars 2021 /
    Lauter
    “Cheerfulness and Faith” (Site)

    rédigé par gdo
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Le DIY a beaucoup perdu de sa fraîcheur. La technologie étant ce qu’elle est, elle offre au premier venu l’occasion d’enregistrer chez lui un disque avec des moyens supérieurs à ceux que pouvaient avoir des groupes illustres (Cela permet aux labels de nous refourguer après chaque nouvelle avancée technologique, une énième ressortie, inondant le marché....fermons la parenthése.). Dans ce contexte, l’écriture, elle, a fini par perdre de son importance, la chanson devenant à l’instar d’une voiture volée maquillée, un produit de seconde main, le truc sans importance qui couvert par les effets, se vendra comme du jambon polyphosphaté, rose comme les fesses d’un bébé sortant de son bain matinal.

Lauter, que nous avions perdu de vu (il a participé au Volume 13 de nos compilations en 2007) n’en a cure de la technologie, elle pourra être une aide, mais ne prendra jamais le pouvoir, l’écriture étant chez lui la respiration obligatoire, et celle de Lauter est d’une diversité et d’une clairvoyance épatante. Capable de nous plonger dans un océan de tristesse avec « Adios » (l’unique prononciation du mot a une force émotionnelle étonnante.) et son naturalisme à la rencontre des plongées mélancoliques et extatiques du meilleur de Devendra Banhart. De nous prendre par le bras pour une danse ébouriffée et pleine de poésie rieuse (Hey Girl), ou encore de jouer avec une forme d’auto dérision enfantine au rappeur désabusé (Deejay) en phase de descente après un Spliff démoniaque (utilisant les rires de ses enfants pour ne pas tomber dans l’apathie du fumeur sans limite).

Boris Kohlmayer aka Lauter, ouvre également grande ses portes pour une bamboche salvatrice qui fait reculer les murs et nous expurge le poitrail et les poumons (What is Going On ?), réalisant cette jonction si particulière des espaces à la John Ford avec la froideur du Berlin des premiers Wenders (Running Wild).

Ces nouvelles propositions de Lauter finissent par provoquer une addiction folle (Call You (reprise)), car elles ne cachent pas le plaisir de la création, promettant à celle-ci de ne jamais la dévoyer, lui redonnant même les lettres d’une noblesse perdue, celle d’un artisanat pop au cœur grand ouvert (« I Know Your Name » époustouflant moment de bravoure presque guerrière). Lauter attrape notre cœur.




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