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En empruntant l’autoroute tracée par Steeple Remove il y a de cela plus de deux mois, je ne pensais pas mettre autant de temps à trouver la sortie pour un repos mérité et conseillé, car on ne le dit jamais assez, il faut faire des coupures sur des longs trajets.

Mais « Vonal-Axis  » n’est pas un long trajet comme nous nous les imposons l’été pour profiter des queues interminables aux abords des plages de serviettes éponges. Le disque ne nous emmène pas d’un point A à un point B, les cardinaux présupposés étant soufflés par notre entrée. Propulsés nous le sommes, tel un coyote voulant rattraper bip bip, mais heureusement ne faisant pas connaissance avec la paroi d’une falaise, mais avec une sorte de circuit qui pourrait être circulaire ou en huit, ou dans une forme, un trait qui contrairement à alinéa ne finirait jamais par se sectionner nous envoyant dans un trou noir sans retour possible.

Le périple que nous fait faire le disque est digne d’une course poursuite sur une autobahn allemande avec comme pilote le méchant Cooper qui aurait besoin de cette électricité débordante et ce matraquage ébouriffant (la batterie ici pourrait demander une expertise en maltraitance tant elle se fait fracassée avec une abnégation étonnante) qui donne aux lignes sur la route le droit de se muer en métronome.

Après 20 ans et avec ce cinquième album, Steeple Remove nous scotche à notre siège, nous mettant dans la position du pilote d’avion prenant des jets, accusant le coup, mais gardant les pupilles dilatées face à un spectacle nous englobant en lui. Car la musique de Steeple Remove, et encore plus sur ce nouvel album, ne fait pas dans la dentelle avec l’espace, celui-ci se faisant recouvrir par une musique débordante d’énergie, même quand elle se fait plus planante (Waters) elle n’en demeure pas moins insensible au repos, absorbant le temps avec gourmandise.

S’il ne faut pas beaucoup d’écoutes pour comprendre que nous sommes face à un grand disque, il nous en faudra un nombre incalculables pour en dresser une carte topographique digne de ce nom, saisie que nous ne sommes pas la vitesse, notre impuissance à faire un pas de côté et l’impossibilité de retranscrire ne serait ce que l’émotion que peuvent susciter ses morceaux, qui s’ils flirtent entre Shoegaze, post punk ou pop en chevauchant un Moog pas à pareil fête depuis des lustres, ne sont pas dans une rationalité telle que nous pouvons en sortir facilement. Voilà, je quitte la bande d’arrêt d’urgence et j’y retourne, prenant la locomotive noisy « Oval-Strii » et ses wagons qui ne détruiront rien, même pas le mur du son, lui-même dépassé par cette orgie époustouflante.




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