Rendre hommage au premier album de Miossec nous semble logique. Pour service rendu à la chanson française, pour avoir offert aux adolescents que nous étions (en 95) une raison de s’enthousiasmer (enfin !) pour un album d’ici et nulle part ailleurs – jusqu’à faire de Boire, pour beaucoup, bien plus que le meilleur album de l’année mais, franco, l’un des plus grands de tous les temps !
Car en 95, le fan de rock détenait une frustration : celle de ne pas entendre suffisamment de bons disques français. Jalousie de se positionner à la traîne, loin derrière l’Angleterre et les Etats-Unis. Culpabilité de toujours ressortir nos vieux Taxi Girl, Dutronc, Gainsbourg et Stinky Toys afin de justifier l’importance du rock, de la pop, du punk, de la chanson, en France.
Le tableau n’était pourtant pas si noir : les vindicatifs Diabologum, Dominique A, Katerine, Autour de Lucie et Married Monk dessinaient un horizon plein de promesses (tenues) ; et puis Les Innocents laissaient espérer une belle confirmation (validée). Sans même parler des commandeurs Bashung, Jacno, Mounier, Darc, Vanot, Murat, Daho, Chamfort…
Simplement, il nous manquait un disque cru, cul, alcoolisé jusqu’aux frustrations du petit matin, un recueil de chansons qui parleraient intimement de baises insatisfaites, de soirées sans picole, des remords de la Saint-Valentin, de foot et de pulsions animales.
Ce fut JD Beauvallet, dans Les Inrocks, en octobre 94, à propos d’une compilation K7 nommée Des Gens simples, qui souffla le nom Miossec à nos oreilles. JD écrivait : « Il existe en Bretagne un garçon du nom de Christophe Miossec, totalement bouleversant sur Crachons veux-tu bien ou Regarde un peu la France, chansons parfaitement présentables au public de Cabrel (épuisé) mais pourtant confinées à l’insupportable anonymat des cassettes confidentielles. Un garçon scandaleusement seul, pendant que la variété française nous fait honte à longueur de quotas ».
Suite à cette chronique, et sachant que le dénommé Miossec avait signé chez PIAS pour un premier album génialement baptisé Boire, nous attentions une première écoute, une confirmation des dithyrambes JD. Et dès le single Non, Non, Non, Non (Je ne suis plus saoul), l’évidence : Christophe Miossec s’apprêtait à sortir LE disque français qui nous manquait.
Ni punk, ni pop, un peu chanson, Boire imposait la propre marmite Miossec : du folklore barré, aussi sec qu’une PJ Harvey, à l’os, mais hyper émouvant, d’une tendresse à fendre les cœurs. Sur ce point, il faut insister sur l’importance des compositeurs Guillaume Jouan et Bruno Leroux, qui donnèrent corps au verbe Miossec. Les deux Tournesol de Tintin Christophe.
Cette compilation Boire, outre l’hommage rendu aux premières compos de Miossec, est donc, pour nous, rédacteurs et musiciens, une façon, modeste, de dire : merci, Christophe ! Et pas que pour la joie et la soif !
Enorme merci à Gildas Secretin http://www.gwlgraphisme.com
GHENO - Non non non non (je ne suis plus saoul)
Docteur Sadd - Regarde un peu la France
Karton & Witold Bolik - Le cul par terre
Merci, Stan - Merci pour la joie
M.Lo - Crachons veux-tu bien
TiM ! - Evoluer en 3ème division
Tycho Brahé - La vieille
ÙØ - Recouvrance
Orso Jesenska - Des moments de plaisir
Blaubird - La Fille à qui je pense
Kärlek - Gilles
Tanidual & Zedrine - Combien t’es beau, combien t’es belle
Kerguelen - Que devient ton poing quand tu tends les doigts
Arnaud Le Gouëfflec & John Trap - Planter des primevères
BONUS
In My Head - Non non non non (je ne suis plus saoul)
10 - Non non non non (je ne suis plus saoul)
FINISTERE - Le cul par terre
Lionel Fondeville Marina Quivooij Noël Challamel - Crachons veux-tu bien
Anorak Summer - La Fille à qui je pense
Beaurevoir - La Fille à qui je pense
Maulnes - Des moments de plaisir
Emmanuel Mailly - Combien t’es beau, combien t’es belle