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Pour ceux qui ont eu le bonheur de goûter les chansons opiacées des « Traces », ou du premier album de Black Maria, il est évident que les années 90 n’ont pas la même saveur. Cette rage lyrique qui animait, au sens presque apache, les chants d’Olivier Delacroix restent à jamais gravés dans nos mémoires d’adolescents solitaires. Des prénoms féminins, sauvages à vivre comme à prononcer : Saya, Monna, Aïama, sans oublier Maria la noire. À la fois sexuelles et maternelles, les femmes d’Olivier Delacroix sauvent l’homme des gouffres où il ne cesse de plonger : la came, le sexe et les brûlures de l’âme. Elles sont à la fois la blessure et le baume, toujours salvatrices.

Après Delak (un des pseudonymes sous lequel il est aussi apparu), c’est un surnom de l’âge tendre qui remonte à la surface : Nixon. Les thèmes éternels de la maternité reviennent comme un seul homme enchanter les treize plages de « Nos verticales ». Mais c’est la voix d’un homme devenu père que l’on entend planer sur les mélodies de l’album. On sent le désir de transmettre des mots simples, des sentiments purs. Mais loin des valeurs morales, c’est d’émotion, de rébellion, de poésie, de folie, d’enthousiasme qu’il s’agit. Cet album se tourne naturellement du côté de la paternité et de la filiation. A découvrir : l’émotion qui se dégage de « Théo », chanson dédiée à son fils.

Quand d’autres voient le destin de manière horizontale (le temps, l’argent, la gloire éphémère du music business actuel) Nixon prend les choses verticalement. Tout est question d’ascension et d’altitude. Une approche quasi mystique, qu’on retrouve dans le rock comme dans les transes primitives. Un son propre aux grands groupes qui ont assimilé la « spirale infernale » comme les Dogs, Noir désir ou les Thugs. Nixon fait partie de ces êtres sensibles, sensuels, pour qui la musique se propage par ondes de choc. L’amour est le moteur principal de l’écriture. La musique est en recherche d’altitude, pour reprendre un des titres de l’album. En grande partie composées par le guitariste Daniel Cutayar, allié substantiel de ces verticales, les mélodies sont taillées sur mesure pour Nixon. Du coup, l’écriture d’Olivier Delacroix s’est simplifiée tout en gardant le lyrisme qu’on lui connaissait déjà dans les albums de Black Maria.

D’ailleurs, des chansons comme « Señorita » ou « La foule » réussissent parfaitement cet équilibre entre énergie rock et simplicité mélodique. Et il est vrai que l’album de Nixon, comparé aux sons bien proprets de la nouvelle scène française, est d’une teinture assez impressionnante. Malgré quelques morceaux un peu plus étouffants au niveau de la production, on prend de plus en plus de plaisir à pénétrer dans l’album pour arriver en plein dans des titres plus forts à boire comme « Nina », « Quelque part » ou « En zone tubulaire ». Plus alternatif que jamais, l’album a été édifié avec une volonté tenace, notamment grâce à la production artistique signée Yarol Poupaud qui pose une griffe totalement rock sur l’ensemble de l’album. Des guitares racées, félines, qui amènent de la tension et soutiennent une écriture qui ose se tourner vers la douceur d’une chanson de sentiments tout en gardant le sens de la déchirure et de l’innocence sauvage.




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