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En janvier dernier, ADA relayait la sortie du dernier enregistrement d’ Hayden , Elk Lake Serenade, merveilleux exercice de folk délicat. Hayden y livrait un titre à la gloire de son chat, Woody. Un morceau sur quinze ; on se situait encore loin du concept album animalier et l’on pensait que, à l’exception d’un Alain Bougrin-Dubourg révélé en artisan folk par l’écoute répétée de la discographie complète de Will Oldham, personne ne se lancerait à l’assaut d’un tel projet à l’échelle d’un album. On se trompait. Will Johnson, à la tête d’une formation à forte teneur en Centro-matic, évoque en musique l’histoire de son souffreteux de chat, Jackson, durant les neuf plages gravées sur The Carlton Chronicles : Not Until The Operation’s Through, troisième album des Texans de South San Gabriel.

Une réflexion rapide : si chaque artiste peut accoucher d’une œuvre qui atteint le niveau d’excellence de The Carlton Chronicles en se nourrissant d’une expérience domestique commune avec -au hasard- un phasme asthmatique, un lapin albinos ou un hamster incontinent, on ne saurait trop les inviter à se lancer dans la composition d’odes à ces animaux de (plus ou moins bonne) compagnie.

Bien, et la musique ? The Carlton Chronicles invite à l’économie de mots. Les guitares folk à dentelles ou celles électriques plus vaporeuses, la convocation d’un violoncelle à fort pouvoir lacrymal , et surtout la voix gorge serrée d’un Johnson guide du musée de sa poignante intimité, architecturent un espace sonore délicieusement mélancolique que chacun meublera des émotions qu’il éveille en lui et que -dès lors- il devient peu commode de commenter. L’introductif " Charred Resentment The Same ", merveilleuse réussite " less is more " folk engage le dialogue entre la voix de Johnson et cette même voix doublée dans une autre tonalité. Deux titres plus loin, " Affection’s The Pay " explore les contre-allées d’une pop slowcore pour rêveurs neurasthéniques. South San Gabriel joue sur ce titre les Radar Bros (encore plus) alanguis. Délicieux. Sur " The Dark Of Garage ", l’électro s’invite à la fête sous la forme discrète d’un beat économe et linkousien. Le morceau progresse linéairement à la manière de ces amas végétaux de forme sphérique qui roulent au grès du vent dans les contrées désertiques arides. Il laisse les chœurs et un motif de piano se densifier mais n’éclot pas. La suite de The Carlton Chronicles alterne titres alt-country ou plus purement folk (" I Feel Too Young To Die ") et légos de pop hallucinogènes (" Stupid Is As Stupid Does ") pour un résultat d’une beauté saisissante.

A en croire la pochette, Jackson -le chat malade de Johnson- accidenté puis soigné ainsi que l’indiquent les paroles, achève ses pérégrinations serein et agréablement accompagné. Une image pour signifier que Johnson découvre l’apaisement ? Ne le souhaitons pas, l’inconfort moral concourt à sa classe ! .




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