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La rébellion est un art, l’art des vérités sans silences, l’art des combats au-delà des corps, l’art et l’usage des langues, l’art d’user le moment a sa guise, et surtout l’art d’éveiller, de parler, de bouger. La rébellion est un art en équilibre, fine ligne entre l’insulte et l’ironie, entre l’humain et la politique. Il faut cette langue juste qui bouscule sans meurtrir, qui blesse sans plaies, ce parler qui chahute nos leçons d’écoles et les normes de nos grands-mères à table. La rébellion doit se nourrir de provocation sans vomir, et saouler la cible sans coma éthylique. Des punks (pas tous, certains avaient l’insulte pour phrasé mais peu de vocabulaire pour insulter) aux faits et gestes de Gainsbourg, de la féminine cachée Divine a l’intelligence de Patty, la rébellion a eu des instants historiques liés, toujours, a un besoin générationnel de vivre, non pas de changer de temps, mais d’être le temps. L’idée n’est pas suffisante, les mots ne sont pas l’arme définitive, il faut, pour être écouté et entendu, avoir l’écrin et le talent, l’étui parfait, adéquat, a chaque guerre, ses hymnes, a chaque assaut, ses tambours, il faut, pour combattre, être belliqueux, mais savoir choisir ses armes, et savoir les utiliser. Venons en a La Pieta, projet intelligent et rebelle, avec sagesse, je souligne, projet qui a le pouvoir de m’avoir intéressé bien plus loin que l’idée, car si bien la première écoute de « La moyenne » ne m’avait pas entièrement happé, l’écoute de ces deux premiers Eps, Chapitre I et Chapitre II (prévus 33 chapitres de 3 titres, du calcul bien calculé, 33, l’âge du christ a sa mort, et RPM de nos jeunesses) a gagné des batailles, jusqu’à m’obligé a écrire sur elle, moi qui suis normalement plus pausé, dream pop, folk et certains égards funèbres, j’ai trouvé une étincelle, non seulement dans les textes, a la fois forts et fragiles, confiants et tout-puissants, hésitants et défaits, banals et irréels, textes de rues et textes de corps, mais tout autant dans la musique, touche a tout, avec savoir faire, musicienne et gueularde. Virulente, certes, violence verbale sans la frivolité de l’insulte gratuite, revendiquant la femme dans toutes ces déclinaisons, guerrière et tendre, mère et pute, abandonnée et trouvée, « La pieta » vous prends dans ses bras comme un homme moribond, et vous serre a vous en couper le souffle, car musicalement, « La pieta » existe aussi, et harangue autant que par ses mots, la force mélodique est un appui stratégique au discours, un socle a cette statue « Ça dans le sang » est pur plaisir auditif, et sans humilité, bien que prônant la puissance des mots par-dessus tout, sa musique est sang, sa musique est air, donc vitale pour lutter au plus fort des batailles. Ce projet, sans noms, muni d’un visuel sensuel et a double sens, de vidéos crues et crédibles, non pas calculé mais pensé a l’unisson de l’idéologie, donne la hauteur des intellects et l’assurance que ce n’est pas du bluff, que « la pieta » n’est pas là pour plaire, mais pour déranger, et que ce dérangement, est rock, illuminé, et pur art de rébellion.




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