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Jay Jay Johanson

JJJ ! je n’ai plus écouté un disque de JJJ depuis probablement le second, assurément le premier qui m’avait tellement interloqué que j’étais jusqu’à le voir en concert. Ce concert reste mémorable, car ce sera la seule fois de ma vie que je croiserais Matthieu Chedid sur scène, à l’époque où le mal coiffé faisant les premières parties, accompagné qu’il était de fleurs réceptives à sa musique (depuis ce sont les moutons).

Depuis je dois vous avouer que la voix du suédois m’avait autant intéressé que l’intégrale des épisodes d’une série de canal plus sur les milieux conchylicoles.

Certainement une erreur. Probablement une impasse facile. Assurément le moment de réparer l’impair tant en fin de compte le chant tout en tristesse et en fatigue de ce gringalet me manquait.

Car « Opium » est une drogue dur, et sa gestation a du laisser des traces sur un JJJ se présentant comme sortant d’une geôle d’ex Allemagne de l’Est.

« Opium » est d’une virtuosité granuleuse, un précis presque hypnotique sans une once de mantra ou de spirales « endormissantes » utilisées sans recul dans certains milieux électro pop rock tatapoum pouette pouette, tralala.

J’avais quitté le Julio Iglesias des fjord chez Portishead, je retrouve plus de dix ans après un crooner tranquille, presque terrassé par une espèce de fausse zénithude faisant passer une film de Jarmush pour une démonstration de vitesse stratosphérique diffusé en prélude à un grand prix de Formule 1..

On pourra même voir dans des chansons comme « Scarecrow » un clin d’œil avec ce passé fulgurant qui nous disait de prévenir les filles qu‘il était de retour en ville. Ce personnage malingre a gagné en épaisseur et porte un soin particulier à ses déplacements dans l’espace, signant des morceaux somptueux comme « I Can Countown You » où il cautionnerait presque que nous l’ayons perdu de vue, ou plutôt chassé de notre liste des envies.

Une nouvelle rencontre, une belle redécouverte, un disque qui s’offusque que d’une chose, faire danser des moutons. L’Opium d’un peuple libre.