> Spéciales



Dominique, vous permettez que je vous appelle Dominique ? Et puis si j’osais vous me permettriez que je vous tutoie, maintenant que l’on se connait. En effet toi et moi, on s’est rencontré grâce à une interview que tu m’as accordé ce mardi 21 avril mais cela, on y reviendra en temps et en heure.

Ce qui nous intéresse, là, dans l’instant, c’est ce moment collectif que nous avons vécu avec toi à La Carène, à Brest après 5 jours de résidence, pour la date inaugurale de la tournée autour de l’album "Eleor".

Que l’on soit clair, pour ceux d’entre vous qui n’auraient jamais vu l’auteur du "Courage des oiseaux" sur scène, pour ceux qui n’aimeraient pas l’artiste sur disque, assister à un concert de Dominique A, c’est toujours vivre un instant unique, chargé d’énergie et d’émotions.

Je n’avais jamais vu la première date d’une tournée du A majuscule, espérant vivre dans ces conditions une expérience hors du commun. Ce ne fut malheureusement pas vraiment le cas.

Emprunté, appliqué, concentré, Dominique, tu ne seras jamais vraiment avec nous, jamais vraiment là.

"Je ne suis pas très loquace mais je suis trés concentré mais je suis de tout cœur avec vous". T’en excuseras tu d’ailleurs avec ta gentillesse légendaire mais si vraie.

Pourtant Dominique, malgré ces critiques qui n’en sont pas vraiment, toujours derrière ton stress, on sentira, je sentirai la présence des grands moments à venir. Certes, on ne s’empêchera pas de penser de ce qu’aurait pu faire Thomas Poli de telle ou telle partie instrumentale mais tout de suite, on verra l’évidence du retour de Sacha Toorop, la plasticité élastique de Jeff Hallam.

Au fur et à mesure d’un set long en bouche qui survole toute ta discographie, Dominique, tu nous prouveras à quel point quel grand chanteur tu es devenu. Quand tu nous proposes de nous "rendre la lumière", je devine les ombres qui baladent ta silhouette sur les murs obscurs de la Carene. Je me prends à penser à ce que sera ce concert quand tu l’habiteras pleinement.

Je rentre doucement dans un prisme, dans un kaléidoscope. Je t’y retrouve, Dominique, avec tes clairs et tes obscurs, toutes tes faces assumées. Tu es là, plein.

Tu es ce personnage de "Music Hall" au cœur déshabillé et à la tristesse bravache, des fins de soirée déglinguées, entre mise à distance de la mélancolie et des fantômes hurlants et effleurement des courages anciens. Tu entrebailleras certaines portes autrefois claquées que nous serons plusieurs à attendre que tu viennes nous ouvrir.

Lentement la scène se nimbera de bleu, nous deviendrons de frêles enveloppes aquatiques, entre oscillation d’une vague et circulation souterraine. Les enfants d’Eole nous guideront dans l’océan. Tu seras là haut sur la dune, ton regard dans le flou des moments à venir.

Nos visages regagneront ces environs liquides, nous serons écume. Nous serons des poussières de sable en suspension, des traces ténues voltigeantes.

Tu nous proposeras l’abandon dans les villes de bord de mer. Tu nous proposeras le soupir des abris dans les ports protégés des tempêtes, les utopies des Eleor.

"Tu pourras dire plus tard j’aurais connu la fin d’un monde. En attendant plus tard occupe-toi des prochaines secondes".

Tu seras là, tel qu’en toi même, dépouillé et assumant l’épure minimal, ni vraiment apaisée, ni vraiment amère. Tu prendras les chemins de traverse, poursuivras ta route par le Canada, tu nous parleras de rêve qui ne se refuse pas et on te croira, Dominique.

Tu nous amèneras dans des pays qui ne veulent rien dire. Ce sera les grandes retrouvailles pour finalement se rendre compte que l’on ne s’était jamais quittés.

"Retour au calme, je sens alentour Tout ce que je retrouve a changé "

Finalement, Dominique, tu permets que je te tutoie et que je t’appelle Dominique ? Finalement donc, que le prisme, le kaléidoscope soit là ou nous, tu es là, irradiant, présent à nous sur scène. Je t’excuserai cette trop grande application car je sais qu’elle était là dans sa générosité de chaque moment. Je sais aussi que tu seras encore là avec le capitaine face à l’horizon et qu’ensemble, nous rejoindrons tes grèves silencieuses. Nous poursuivrons vers les sables mouvants, les terres brunes.

Les ailleurs seront à portée de main, Dominique et toi tu nous attendras sur le perron des portes ouvertes.

www.commentcertainsvivent.com/

Toutes les photos sont de Jerome Sevrette, merci à lui.

http://photographique.fr/

Merci également à Anne Yven et Johann Bourgès du blog Euphonies avec qui nous avons partagé ces instants d’interview et de concert.

http://euphonies.over-blog.com/

Merci à la Carene Brest pour son accueil et particulièrement Ariane pour sa disponibilité de chaque instant et sa gentillesse.

http://www.lacarene.fr/