> Interviews



Nouvelle rubrique sur A Découvrir Absolument. Nous demandons à des musiciens un petit texte sur un objet musical qu’ils aiment utiliser. La rubrique ne s’adresse pas qu’aux spécialistes, donc le champ est large : ça peut aller d’un appareil technique préféré à un accessoire toujours présent quand ils enregistrent une chanson ou dans un contexte musical, en passant bien sûr par un instrument, objet fétiche, etc.

Je suis superstitieux. Je croyais qu’un changement de villes, un changement de rivières pourrait changer ma chance. J’ai commencé à mettre une pièce de monnaie & trois médiators dans ma poche gousset – chaque jours, pour me porter bonheur – après avoir déménagé à New-York.

Je passais devant la diseuse de bonne aventure de la place St Mark et je me disais « je n’ai pas besoin de toi ».

Je crois dans le nombre « trois ». J’ai désormais des doutes quant aux porte-bonheur, mais je continue à les porter comme ça de temps en temps. Pas tous les jours, si je suis en tournée ou en enregistrement, oui.

Avec cette pièce de monnaie dans ma poche, je continue à penser qu’un album de chansons va arriver avec la prochaine pluie. J’aimerais pouvoir dire que c’était ma première pièce, mais contrairement à tous les autres musiciens que je connais, je suis un cas désespéré en ce qui concerne l’argent. Ça va et ça vient – et ce qui vient n’a jamais couvert ce qui va. J’ai volé cette pièce à ma fille.

J’ai aussi un costume porte-bonheur, une cravate porte-bonheur, et ce sont mes boutons de manchette porte-bonheur que j’ai commencé à porter durant ce que je considère comme ma période Melville. La vie de Bob le Flambeur tourne autour d’un lancer de dés. Il a même une machine à sous dans un placard de sa chambre à coucher. Répliques inoubliables - « J’suis v’nu au monde avec l’as de carreau dans la main. » « En c’moment j’peux toucher à rien, je jouerais à la marelle que j’perdrais ». Je prends aussi un livre de poche, un stylo et un carnet partout où je vais. J’aime les carnets, j’aime l’écriture. J’avais l’habitude d’écrire sur n’importe quel bout de papier que je pouvais trouver - paquets de cigarettes, serviettes, j’étais comme prisonnier du papier, griffonnant sur tout ce qui me tombait sous la main. Puis je perdais ces bouts de papier. Parfois, je les retrouvais dans le lave-linge, des mots effacés sans signification, parfois ils refont surface quelques années plus tard. Une fois, j’ai pris un livre de poche sur l’étagère et un billet de train de

Kreutzberg à virevolté sur le sol et là dans mon gribouillage : « Alors dis-moi ce qui arrive après The Big Sleep ? » Bien que cela date de plusieurs années, l’univers dans lequel j’avais écrit cette phrase, la personne de qui il s’agissait, Berlin en fin d’année, le monde dans lequel je ne cessais d’entrer et duquel je ne cessais de sortir, le moment et le lieu, tout est revenu au galop. Les petits mots sont aussi mes « favorite things ». Ma façon d’être.

(crédit photo : Kate Wilson)

I am superstitious. I used to believe that a change of towns, a change of rivers might change your luck. I started carrying a dime & three picks in my coin pocket - every single day, for luck - after I moved to New York.

I’d walk past the fortune teller’s on St Mark’s Place and think I don’t need you.

I believe in "threes". I’m not sure about the luck anymore, but I still carry them together like this from time to time. Just not every day, though if I’m touring or recording—yes.

With that dime in my pocket, I still feel like an album of songs might just turn up with the next rain. I wish I could say it was my first dime, but unlike every other musician I know, I am hopeless with money. It comes and goes - and the coming has never caught up with the going. I stole this one from my daughter.

I also have a lucky suit, a lucky tie, and these are my lucky cufflinks that I started wearing during what I consider my Melville period. Bob le Flambeur’s life revolves around a roll of the dice. He even keeps a slot machine in a cupboard in his bedroom. Great lines - "I was born with an ace in my palm." "The way my luck’s going, I’d even lose at hopscotch". I also take a paperback, a pen, a notebook with me everywhere as well. I like notebooks, I like handwriting. I used to write on whatever scrap of paper I could find - cigarette packets, napkins, I was like a prisoner with paper, scrawling lines on anything in front of me. Then I’d lose those scraps. Sometimes I’d find them in the washing, words rinsed beyond meaning, sometimes they’d turn up years down the track. One time I pulled a paperback down from the shelf and a Kreutzberg train ticket fluttered to the floor and there in my scrawl was So tell me what comes after The Big Sleep ? Though it was from years earlier, the world in which I’d written that line, who it was about, Berlin at the end of the year, the world I’d walked in and out on, the time and place all came rushing back. Notes, too they’re my favorite things. My habit.



 chroniques


pas d'autres chroniques du même artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.