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On avait plutôt apprécié le premier album éponyme des écossais de Glasvegas, beaucoup moins le second. Efficace, sans doute parfois un peu trop, le groupe semblait ne pas savoir limiter ses élans héroïques, ses bouffonnes envolés lyriques (car après tout, on n’a pas craché sur U2 des années durant pour un jour se mettre à vénérer le rock de stade). Mais comme Dominique A aime beaucoup Glasvegas (et Dominique A n’a jamais tord), on accepte de ne pas lâcher l’affaire et on écoute ce troisième album, bizarrement (quoi que pas tant) nommé « Later… When the TV Turns to Static ».

Surprise : si quelques tentations populaires subsistent encore au détour d’un refrain patchouli, le troisième Glasvegas est un album gueule de bois, sombre, sérieux, grave pourrait-on dire. Titre finalement à prendre au pied de la lettre : ces moments nocturnes où l’ennui, l’apathie et la tristesse ne peuvent même plus se vider dans l’hypnose d’un programme télévisé merdique. Ces moments de profondes déchéances que l’on ne peut cautériser que par la dope ou l’alcool. Ces moments où le cerveau se dérègle et où les pensées deviennent dangereusement suicidaires. Peut-être ébranlé par le mauvais accueil reçu par leur précédent « Euphoric /// Heartbreak \\\ » et la séparation d’avec Sony, Glasvegas plombe chaque titre de « Later… » d’une mélancolie poisseuse que ne renierait pas le Peter Perrett de « Woke Up Sticky ». D’ailleurs, le chant de James Allan, auparavant un brin rustaud, n’y dévoile ici que fêlures et résignation désabusée (comme sur le très triste « Choices » où la voix ne s’assimile à rien d’autre qu’à la crise de larmes inattendue du dépressif chronique). Du coup, même les brefs sursauts vocaux en gueulante ne renvoient plus, comme hier, à une vilaine idée stadium mais à une complainte déchirée comme Six By Seven ou Dave Gahan savaient si bien le faire. Les grattes jouent parfaitement leur rôle pharmaceutique puisque, oh miracle, rien ne déborde, rien ne jure, donnant souvent la sensation d’un Glasvegas ayant troqué les anabolisants pour le Temgésic (en plein décrochage, donc).

Le nouveau Glasvegas possède, in fine, une qualité touchante qui incite à prendre sa défense : « Later… » est un disque adulte pour adultes, qui s’assume tel quel et qui, dans ses sommets comme ses approximations, cherche à correspondre avec l’auditeur trentenaire ou quarantenaire. Pas un disque nostalgique, jamais faussement jeune ni jeune tout court. Un disque qui se cogne royalement de plaire ou pas aux fans des White Lies. Pour un groupe de rock, cela devient de plus en plus rare, ce genre de parti-pris limite rétrograde…




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