Le fanatique de musique passe la plupart de son temps à farfouiller chaque recoin du Net avec l’espoir de dénicher la pépite rare, le super groupe inconnu, la chanson qui embellira la journée en cours… Certains mélomanes poussent même le bouchon jusqu’à confectionner des compiles basées sur leurs recherches, trouvailles et coups de cœur. On a écrit mélomane. Dans le cas de Ged (et Leradiologue, oui, c’est son nom), le mot semble bien faible. Car il faut être sérieusement obsédé et/ou allumé pour oser concevoir une compilation post-rock regroupant 21 morceaux (pas moins) puis, par amour du geste et passion de la musique, l’offrir gratuitement, naturellement. Disponible sur la remarquable plate-forme The Berliner Broadcast Facility (www.tbbf.eu), cette compilation #2 (la #1 date d’il y a cinq ans) est à faire tourner en boucle, matin, après-midi et soir. On prend plaisir à y retrouver des groupes amis tels que Sons of Frida ou Les Marquises, on s’extasie sur les trouvailles du chef (hypnotique No Drum No Moog, complexe JeanJean)), on suit les conseils de Ged et on décide soi-même de partager la musique ici proposée...
Le terme post-rock, comme l’explique Ged en guise de présentation, possède plusieurs définitions, plusieurs conceptions. L’intelligence de cette compilation #2 consiste à ne pas limiter le terme à quelques idées reçues (musique instrumentale flegmatique, pour aller vite) mais, au contraire, à tenter d’en offrir un aperçu aussi large que possible. Car ici, le post-rock navigue dans l’électro, il s’habille pop ou bien fricote avec le punk. Pour autant, l’éclectisme et la richesse de cette sélection musicale ne s’éparpille jamais en une multitude de chemins. Probablement car lui-même musicien (le titre « Les Carrefours Improbables » est présent à l’appel), Ged est bien trop passionné par la chose rock pour oser la prendre en traître, sournoisement. C’est ainsi toute la passion (palpable titre après titre) du concepteur qui donne une cohérence rare à cette compilation #2. Pour dire : on a beau avoir des morceaux préférés, impossible d’écouter cette sélection en papillonnant, en usant de la touche skip ou en zappant certains titres pour directement atteindre nos fétiches. 21 uppercuts à consommer jusqu’à satiété.