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On ignore si la méthode est enseignée dans les réunions des AA mais depuis que Mike Skinner a placé l’alcool derrière lui, tous les moyens semblent bons pour rendre le sevrage moins pénible. Ce soir du 1er juin 2006 dans le magnifique environnement offert par la bâtisse de la Condition Publique à Roubaix , l’homme derrière The Streets opte pour la technique dite du transfert et prend plaisir à beurrer tout membre de l’audience désireux de participer à son drinking contest d’un peu plus d’une heure et demie.

La petite frappe de Birmingham armé de deux bouteilles équipées de doseurs offre à qui relève le défi plusieurs shots directement injectés dans la bouche. Ça titube dans le public mais le procédé préserve Skinner qui livre alors une prestation plus qu’honnête. Les membres de The Streets ignorent où ils se trouvent (" We don’t have a clue where we are but the audience seems nice ") mais jouent à plein l’imagerie Miami Vice 8Os et donnent ainsi à Roubaix des aires de Floride.

Et l’on comprend rapidement que cinq musiciens (un batteur, un bassiste, un clavier tous vétus d’un T-Shirt orange frappé d’un palmier et Skinner épaulé par le vocaliste acrobate Leo The Lion) peuvent à eux seuls augmenter significativement la durée moyenne d’ensoleillement de la métropole lilloise. Skinner s’assure d’ailleurs d’imposer son climat tropical en orientant résolument vers la piste de danse son rap garage nourri ce soir-là à part presque égale par les titres de ses trois albums.

L’intouchable Original Pirate Material se voit notamment représenté par les goguenards Irony of It All et Let’s Push Things Forwards, Weak Become Heroes transfiguré en saillie discoïde ou encore le racé Has It Come To This, l’épique Turn The Page et un Don’t Mug Yourself joué le mord aux dents.

A Grand Don’t Come For Free offre au show ses moments les plus introspectifs (Dry Your Eyes, Blinded By The Lights vicieux et qui touche au foie ou encore Could Well Be In sur lequel Leo The Lion confirme que plus de 9O kilos de muscles masquent mal 300 grammes de cœur) et un moment de démence jouissive (le tube Fit But You Know It, en rappel).

Dès lors la peau de Pranging Out pourtant efficace, du sirupeux Never Went To Church ou de l’addictif When You Wasn’t Famous tirés du récent The Hardest Way To Make An Easy Living paraît par comparaison bien pâle. Un voile porté sur un soleil cependant radieux qui frappe en cette époque de météo contrariée les dizaines de geezers joviaux présents ce soir-là et qui accueillent avec reconnaissance cette séance d’UV musicale .

Photos : B. Dubiez



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