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Pas d’aaltra à l’horizon pour ce road movie en béquilles, pas de voyage pour la vengeance d’un handicap irréversible, enfin si peut-être celui de devoir supporter ce monde qui n’est pas fait pour grand monde. Pas de jeux de mots dans cette introduction, l’album me battrait sans que la comparaison soit possible, utilisation de l’image pour accrocher l’oreille et pour faire bouillir les yeux, ou les piquer. Alors que dehors l’alarme est sonnée et que les pompiers ont des matraques (c’est une image aussi) on bousille les barricades de l’aliénation pour nous porter sur une croix, à moins que ce ne soit le contraire. Le punk ici n’est pas un vain mot, mais il prend des cours de hip-hop au milieu d’un déluge verbal. Dans le chant de nonstop rien ne pousse, il est rigide, froid, martial, craché, vomi, après la cantine mes amis les estomacs n’auront plus qu’à se mettre des patchs de malox par citerne. Road movie en béquilles laisse la solution préférée trouver des pistes de réflexion et de réfection que de mettre la main à la besogne, la fatigue est là. Poétiquement incorrect, nonstop pourrait chanter l’amour dans les tribunes du Heysel comme la haine de son voisin dans un mariage, sans que cela puisse choquer, la ligne est valide elle, elle est droite. Parlez toujours de condescendance, de facilité dans la démarche de toujours pointer le doigt dans la plaie, mais comprennez que le doigt n’est pas que l’extrémité de votre main, il est aussi le signifiant du tenseur et l’exclamation du penseur. Entre les deux, l’écart est maigre, comme entre une béquille et une chaise roulante. Voyage au centre de la tête.