Il y a un endroit tant difficile à discerner qu’il faut le temps d’une vie pour le savourer, cet instant où nos yeux se fixent sur la grève caillouteuse juste quand la vague vient, se dépose. Il y a un endroit ou l’eau et la pierre s’unissent. Une finesse intense, brève, une alchimie parfaite de trois éléments sages autant qu’houleux, une union, un mariage avec ses guerres et ses paix, ses passions et oublis. Il y a des choses imperceptibles, des détails que seuls certains savent raconter, ceux qui savent ce qui germe sous les pavés. Il leur est si simple d’évoquer le jeu des sens, qu’on en serait jaloux, mais ne brisons pas la magie, savourons.

Tout semble simple dans les âmes de Volcano choir, ces milliers de petits sons puisés entre les plages et les océans, entre les nuits et les jours, ont presque automatiquement leur place sur ces mélodies épiques et frêles, les voix s’entremêlent comme nasses pour happer les brillances des cordes et les rythmes rebelles, les sons durs de rochers et les sons éclatants de l’eau. Il y a cet esprit nordique d’immenses ciels gelés dans toute leurs splendeurs, de glacials émouvants, pourtant ils sont des terres enfermées de Wisconsin. Donc il y a des voyageurs qui ont bu la mer, mangé la terre, souffert des routes interminables pour arriver a cet instant unique.

Repave, c’est réparer les désastres, puisque pour raconter ainsi, il faut avoir vécu chaque mots, les acides du temps, puisque pour mettre une musique sur ça, il faut avoir vécu chaque harmonie. Introspectif, Repave est un disque de cheminement sensible vers soi même, sans être messianique, mais initiatique, intérieur, la narration des choses banales qui font de nous, nous. Travail sensible comme ce folk parfois sombre, aux accents marins, des Bon Iver plus joueurs, des Fleet foxes plus anxieux, des Noah and the wales plus coléreux.

Volcano choir c’est assis sur cette grève le temps de puiser un disque complet, d’une puissance pénétrante, parfois sournoisement électrique, car il se veut naturel, souvent plagiant les failles si humaines, riche de petits hymnes pour tous les jours. Repave est ce moment ou la pierre et l’eau s’embrassent.